Littérature
Crédit photo : Pow Pow - Drawn&Quarterly - La Pastèque
«C’est comme ça que je disparais»: notre coup de cœur!
Plus récent opus de la bédéiste d’origine française Mirion Malle, le roman graphique C’est comme ça que je disparais est récemment paru chez l’éditeur montréalais Pow Pow. Cet album intime aborde avec adresse le sujet de la dépression, des pensées suicidaires et de la santé mentale.
L’ouvrage raconte l’histoire de Clara, une jeune poétesse en panne d’inspiration, consumée par la dépression qui l’habite. Au fil des pages, Clara tente tant bien que mal de jongler entre sa dépression, son emploi poche dans le milieu de l’édition, les deadlines de son recueil de poésie et ses relations avec ses amis et amies, des personnes bien intentionnées mais qui ne savent pas toujours comment la soutenir.
Dans cet album, Mirion Malle dépeint en noir et blanc toutes les nuances de cette maladie insidieuse qui menace de faire disparaître ceux et celles qui en souffrent. Un ouvrage pudique et touchant, qui sonne juste, et dans l’air du temps. Notre coup de cœur de la rentrée.
C’est comme ça que je disparais de Mirion Malle, Éditions Pow Pow, Août 2020, 206 pages, 24,95 $.
«Sweet Time»: un volume coloré
Ce roman graphique, publié par Drawn & Quarterly au début de l’été, est caractéristique du catalogue plutôt avant-gardiste de la maison d’édition anglophone de Montréal.
Signé par l’artiste singapourienne Weng Pixin, Sweet Time est un album haut en couleur qui dépeint la lente désagrégation des relations amoureuses. Pixin propose en peu de mots une série d’historiettes dont les personnages passent tour à tour de l’espoir à la désillusion, de la joie à l’amertume.
Élaborés avec soin, les récits de Sweet Time sont finement écrits et saupoudrés d’une pincée d’humour. Mais l’album, au format un peu hors normes—il est plus large que haut—se démarque surtout par son traitement graphique explosif: de grands aplats de couleurs vives, des superpositions de motifs… presque de véritables tableaux.
La patte expressive de Weng Pixin lui permet de laisser des pages libres de tout texte sans que l’on perde le sens des histoires qu’elle nous raconte. Une lecture aux saveurs artistiques, dans la veine des publications audacieuses de D&Q.
Sweet Time de Weng Pixin, Drawn & Quarterly, Juin 2020, 244 pages, 29,95 $.
«Pour réussir un poulet»: du théâtre à la BD
Cet album, récemment publié aux Éditions de La Pastèque, est une adaptation de la pièce de théâtre à succès de Fabien Cloutier, récompensée par le Prix du Gouverneur général en 2015.
Mis en image par Paul Bordeleau, l’histoire relate les aventures et mésaventures de Carl et Steven, un improbable duo de ramasseurs de ferraille. Leur vie s’écoule au rythme des ramassages de laveuses-sécheuses, jusqu’à ce que les deux hommes, à court d’argent, se retrouvent pris dans les filets du propriétaire mal intentionné d’un centre commercial.
Pierre Bordeleau ayant conservé le texte de Fabien Cloutier dans son intégralité, l’album se révèle assez bavard, ponctué de monologues dont certains sont très drôles. Clin d’œil à la production d’origine, la BD s’achève par une scène sur laquelle on imagine très bien le rideau tomber.
Néanmoins, l’enchevêtrement des histoires de Carl, de Steven, et des membres de leur famille rend parfois le récit un peu confus. Le dessin de Paul Bordeleau, noir et blanc et ombré de bleu, énergise la BD d’une foule de détails amusants.