LittératureLa petite anecdote de
Crédit photo : Chantale Lecours
Le Bal
«C’était pas vrai que j’allais, comme 80% des filles, vêtir une robe de couleur marine.
Nenon.
Je suis arrivée avec une robe rose fushia qui shinait de partout.
Je ne suis pas juste arrivée en robe.
Nada.
C’était pas vrai que j’allais, comme 80% des jeunes, débarquer en limousine.
Que nenni.
Je me suis pavané en Harley. La grosse Harley Davidson custom, straight pipe, chromée, avec une peinture qui fitte avec les tattoos de mon père (qui conduisait fièrement). Faque oui: entrée remarquée.
Surtout que j’étais également accompagnée de deux cavaliers. Pas zéro. Pas un. Deux. (Ouin, c’est pas que j’étais belle ou d’quoi, seulement mon chum de l’époque était trop indécis à assister au bal. J’ai pas pris de chance: j’ai invité un ami cute. Les deux sont venus.)
Mon amant aussi était là et plus beau que mes deux cavaliers.
C’était cool.
On a pris des photos avec nos Kodaks jetables. En masse, peut-être trop.
On a bu des drinks colorés trop sucrés. En masse, peut-être trop.
On a dansé du brake dance et des slows. En masse, peut-être trop.
On a fait des promesses d’amitié qu’on a jamais tenues. Peut-être trop.
Après, juste avant le cégep, j’en ai eu assez, j’pense. J’ai débordé.
J’ai crissé le chum là.
L’amant est décédé d’un accident de moto.
J’ai choké le théâtre de St-Hyacinthe.
J’ai quitté la Rive-Sud pour ne plus y revenir. Ou comme on dit: pour de bon.
Le bal et tout ça sont devenus des souvenirs qui sentent le parfum Calvin Klein.»