«La grosse laide», une bande-dessinée de Marie-Noëlle Hébert – Bible urbaine

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«La grosse laide», une bande-dessinée de Marie-Noëlle Hébert

«La grosse laide», une bande-dessinée de Marie-Noëlle Hébert

Comment habiter un corps que l’on haït?

Publié le 3 décembre 2019 par Lucie Laumonier

Crédit photo : Marie-Noëlle Hébert - Éditions XYZ

La grosse laide est la première bande dessinée de la Québécoise Marie-Noëlle Hébert, récemment publiée aux éditions XYZ. Autobiographique, l’ouvrage aborde avec franchise et sans retenue les dédales des troubles alimentaires, de la grossophobie et de la haine de soi.

Marie-Noëlle a la vingtaine. Cela fait des années et des années qu’elle se trouve laide, grosse et «pleine de vide».

L’illustratrice décide de plonger dans ses souvenirs, ses journaux intimes, les carnets d’école, des photos, pour comprendre d’où vient sa haine d’elle-même et ses difficultés à accepter son poids. L’ouvrage représente l’aboutissement de ce projet.

La grosse laide relate donc la genèse de la haine de soi de l’autrice, ses tentatives pour devenir mince — des efforts biaisés par un syndrome de dysmorphie corporelle — et, finalement, l’acceptation de son corps. En retrouvant de l’estime de soi, l’autrice parvient à se lier à nouveau, à s’ouvrir aux autres et à se laisser aimer.

Marie-Noëlle Hébert nous raconte tout cela. Petite fille, elle réalise qu’elle est grosse. Un adjectif porteur de préjugés, de commentaires non sollicités de la part de sa famille et des enfants de l’école. Déjà, elle ressent du dégoût et de la honte envers son corps.

À 11 ans, elle se saisit du miroir grossissant de sa mère et s’examine sous toutes les coutures. Elle réalise, brutalement, qu’elle est laide. Elle est une grosse laide et se le répète inlassablement avec une grande violence.

Sa haine est nourrie par les insultes de son père qui la traite de «grosse truie». Sa mère, passive, reste silencieuse. L’adolescente devient obsédée par son image corporelle les autres la renvoient sans cesse.

À travers le processus d’écriture — une véritable thérapie comme elle l’explique au micro de Pénélope McQuade — Marie-Noëlle s’est réconciliée avec elle-même et avec ses parents. Son projet de bande dessinée lui a permis de crever l’abcès.

Entièrement réalisés au crayon graphique (au crayon de bois), les dessins de Marie-Noëlle Hébert recherchent le réalisme. Les dessins sont aussi sombres que le récit porté par la BD, faits de plans serrés, de mots durs, de douleur.

Ce premier ouvrage permet de découvrir une nouvelle artiste québécoise talentueuse. Il aborde des sujets cruciaux qui sauront rejoindre nombre de lecteurs et de lectrices, lesquels et lesquelles se retrouveront et s’identifieront à la protagoniste.

La grosse laide est un ouvrage nécessaire, alors que les médias de masse et les productions télévisuelles font peu de place à la diversité corporelle. Surveillez notre entrevue «Dans la peau de…» avec l’auteure à paraître le vendredi 13 décembre pour en apprendre plus sur son processus d’écriture.

Marie-Noëlle Hébert, La grosse laide, Éditions XYZ, octobre 2019, 104 pages, 26,95 $.

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