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Crédit photo : David Raymond
L’œuvre Bygones surprend par la mise en valeur de ses médiums. Les éclairages, les objets (faisant office de marionnettes) et la musique sont judicieusement exploités, de façon à former un tout avec le mouvement. Ces éléments créent tour à tour des ambiances bizarres, inquiétantes, effrayantes, émouvantes et même drôles.
Les lumières, par James Proudfoot, permettent des illusions d’optique renouvelant l’espace et le regard sur la danse. Elles donnent l’impression qu’un interprète flotte dans les airs, que les danseurs sont dans l’eau, ou même que des murs viennent s’ajouter sur la scène. Quant à elle, la conception sonore de Kate De Lorme vient habilement consolider chaque univers proposé par les chorégraphes sans accroc, et ce, malgré les nombreux changements de ton durant la pièce.
Fidèle à son titre, Bygones (que nous pourrions traduire de l’anglais comme «Passé») montre une succession de tableaux s’enchaînant à un rythme finement calculé, nous poussant à devoir laisser partir le premier pour apprécier le second. L’action est en constante évolution et il n’y a aucun retour en arrière; signe de cohérence avec le thème concerné et de la créativité foisonnante des chorégraphes.
Si le travail des marionnettes, l’exploitation des éclairages et la musicalité sont remarquables, l’engagement des interprètes est d’autant plus prodigieux. Elya Grant, David Harvey, Renée Sigouin et leurs chorégraphes partagent la scène sur laquelle ils portent à merveille une gestuelle virtuose aux textures variées, précises et imagées.
Chacun possède sa couleur, son bouger singulier, rendant encore plus intéressants les divers soli de l’œuvre. Relâchement, fluidité, contrôle et momentum sont amalgamés dans un tracé chorégraphique des plus organiques, rendu à merveille par les danseurs. La minutie de leurs actions, alliée à la clarté des tensions spatiales créées par leurs corps, donne au mouvement une prestance saisissante.
En bref
Bygones est une œuvre construite avec intelligence et cohérence. Le public savourera la danse, mais il profitera également de l’union de plusieurs médiums en un même spectacle. Bien qu’un peu longue, cette création peut satisfaire l’envie de narratif autant que le désir d’abstraction. Elle permet de s’abandonner, de voyager et de se laisser bercer par la danse.
«Bygones» à l’Agora de la danse en images
Par David Raymond
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