LittératureDans la peau de
Crédit photo : Tous droits réservés, Éditions Fides.
Chantale, on t’a découverte comme auteure en 2009 avec le recueil de nouvelles érotiques Audacieuses confidences: Récits coquins pour adultes. Dix ans plus tard, tu viens de publier le livre Je te promets fidélité aux Éditions Fides. Qu’est-ce qui t’a donné envie d’explorer le genre littéraire du roman après avoir écrit des nouvelles coquines?
«C’est très drôle. J’ai écrit les histoires coquines en 2008 et elles ont été publiées en 2009, alors que mon roman Je te promets fidélité a dormi dans un tiroir au moins une trentaine d’années… C’est sans doute la pudeur – ou encore la peur du jugement des autres – qui m’ont poussée à garder mes créations pour moi durant ces longues années.»
«Pour dire vrai, je n’ai pas de style littéraire de prédilection: j’explore le terrain, mais surtout je laisse venir à moi les idées d’écriture.»
Et du côté des thématiques abordées, pourquoi as-tu décidé de t’attarder sur les relations amoureuses – et plus spécifiquement sur le processus de guérison après une trahison – dans Je te promets fidélité?
«Parce que je crois que la thématique des relations amoureuses touche tout le monde, et qu’en littérature, ce sont surtout celles qui font le plus mal qui intéressent les lecteurs! Qu’on se le dise, ça fait de bonnes histoires!»
«La plupart du temps, l’infidélité blesse et amène la personne qui a été trompée dans le couple à se remettre en question, puis à douter d’elle.»
«Il arrive même qu’une relation amoureuse toxique brise une personne. C’est alors la descente aux enfers… Mais bien qu’il soit intéressant de suivre cette descente, c’est le processus de guérison qui se veut le plus important. Ne dit-on pas qu’il ne faut pas juger une personne à sa façon de tomber, mais plutôt à celle de se relever? C’est cela que j’ai exploré à travers mon roman.»
Tu es également infirmière clinicienne dans une équipe de santé mentale. Comment ce quotidien t’a-t-il nourri pour approfondir la psychologie de tes personnages, notamment ceux d’Alexandra et de Charles?
«Il y a trente ans, au moment d’écrire Je te promets fidélité, je n’étais pas encore infirmière. La construction de la psychologie des personnages vient donc de moi, de ma façon d’être et de penser; donc, de ma personnalité. Nul besoin de travailler en santé mentale pour arriver à construire un personnage. Cela tient plus à l’écriture et à l’imagination fertile.»
«Étudier et étudier encore jusqu’à me spécialiser davantage ne me sert pas dans mon processus d’écriture. Je ne fais jamais non plus de référence à une personne croisée dans la vie réelle. Les patients dont je m’occupe souffrent pour la plupart de schizophrénie, alors que je n’ai pas de personnage du genre – ou vivant les mêmes contraintes – dans mes histoires.»
«Le quotidien de ma profession, de même que le fait d’étudier et de me perfectionner continuellement, me font plutôt réfléchir sur certains de mes propres patterns et de mes difficultés, dans certains cas.»
Parlons maintenant de ton processus d’écriture. Pour toi, quel est le contexte optimal pour donner libre cours à ton imagination? As-tu des habitudes en particulier, ou bien une ambiance de prédilection pour te plonger dans la rédaction d’une histoire?
«Mon processus d’écriture diffère beaucoup des histoires entendues venant d’autres romanciers. Je ne m’assois jamais à une table en attendant l’inspiration divine: je ne suis certainement pas suffisamment autodisciplinée pour faire cela chaque jour! Aussi, je travaille sans plan. Une histoire se profile en moi et prend le temps de se bâtir, parfois même pendant plusieurs années. Puis, tout d’un coup, le titre de l’ouvrage m’apparaît avant même que l’histoire ne soit écrite.»
«Ce n’est jamais lorsque je suis en vacances ou au repos que je me pose pour écrire. Soudainement, je peux avoir l’inspiration en plein rush au travail – la nuit autant que le jour –, et c’est lancé!»
«Et je vais vous faire une confession: je n’écris jamais mon premier jet sur mon ordinateur portable; j’utilise toujours un crayon de plomb et mon cahier à spirale!»
Si tu avais carte blanche, quel sujet lié à la santé mentale ou à la psychologie aimerais-tu explorer lors de l’écriture de ton prochain roman?
«Un sujet de santé mentale auquel j’ai déjà réfléchi – et à partir duquel j’ai même fait une ébauche – porte sur le suicide. J’aimerais qu’il s’adresse à ceux qui restent, sans toutefois en faire un travail sérieux basé sur ma profession.»
«Il serait plutôt fait de lettres de suicidés laissées avant qu’ils s’enlèvent la vie et à travers lesquelles leur douleur et le moyen choisi pour partir seraient expliqués.»
«Je crois que tout le monde connaît quelqu’un de près ou de loin qui s’est enlevé la vie sans laisser d’explication ni de lettre. Car au final, après la mort de ces derniers, les proches qui restent souffrent autant qu’eux avant qu’ils nous quittent…»
«J’aimerais, bien que ces lettres soient difficiles à lire pour certains, arriver à toucher et à contribuer à la guérison d’une seule personne… Et là, mon but serait atteint!»