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Crédit photo : Mathieu Pothier
Pour l’occasion, le Ausgang Plaza, en plus d’offrir sa scène au chanteur, lui partageait également son enceinte. Lors de notre entrée en salle, il nous était impossible de manquer l’illustration de la pochette de l’album, créée avec sensibilité par Dan Climan et projetée en grand, pour l’occasion, sur les murs.
Geoffroy nous a partagé, au cours du spectacle, que celle-ci fut dessinée à partir de la centaine de photos de sa mère qui avaient été confiées à l’artiste responsable d’illustrer l’album. À l’arrière de la salle, une pièce était transformée en galerie d’art temporaire où étaient affichées de magnifiques photos représentant des éléments marquants du processus de création de l’album 1952.
Avant même que sa prestation commence, le ton était bien mis en place: nous allions assister non seulement à un concert, mais aussi à une oeuvre complète, intime et sensible.
Des influences d’une grande richesse
Geoffroy et son band ont joué les rockstars en embarquant sur scène quarante-cinq minutes plus tard que l’heure prévue (mais bon, c’était son lancement après tout, on ne lui en veut pas). C’est donc sur une atmosphère planante, à laquelle étaient intégrés des bruits de nature, que le chanteur et ses quatre amis musiciens sont venus se placer sur scène, avant de débuter le premier morceau qui allait lancer la soirée.
On ressent clairement, à travers son œuvre, tout le bagage résultant des nombreux voyages de l’artiste. En plus d’adresser quelques mots au public en mélangeant l’espagnol, l’anglais et le français, Geoffroy crée des chansons dans lesquelles viennent se glisser des sonorités empruntées à ses périples autour du monde, venant habilement côtoyer les influences électro-pop qu’on lui associe. Dans 1952, ces couleurs sont toujours bien présentes, mais laissent cette fois place au R&B et au folk, genres musicaux qui se faisaient un peu plus discrets sur les albums précédents.
Un art transformé
C’est inévitable, nous avions sur scène, devant nous, un Geoffroy changé par la perte de sa mère. Nous le ressentions entre autres dans sa musique, sur laquelle nous avions beaucoup moins envie de faire la fête qu’à l’écoute de son album Coastline. Il s’émane en effet de 1952 un grand lot de nostalgie et d’émotion, qui donne beaucoup plus envie de se fermer les yeux et de se laisser bercer par la voix apaisante et langoureuse de Geoffroy que de danser et de chanter à tue-tête comme nous pouvions le faire lors de sa dernière tournée.
J’ai été, à plusieurs reprises, touchée comme je l’ai rarement été en assistant à un concert. L’hommage qu’il rend à sa mère est tout simplement magnifique. Cinq chansons du nouvel album lui sont dédiées, la plupart accompagnées sur scène de touchantes projections vidéo de souvenirs d’enfance. De quoi nous mettre la larme à l’œil! C’était vraiment émouvant d’assister à un partage aussi intime et émotionnel, évènement qu’il est relativement rare de vivre lors d’un concert.
La nostalgie qui s’entremêle au bonheur
Bien que j’aie passé une bonne partie du spectacle très émue par les images d’une mère aimante envers son fils et par toute la beauté et l’honneur que ce dernier lui rend avec son art, il n’y avait pas que la mélancolie qui régnait ce soir-là. Certaines chansons, plus groovy, amenaient un bel équilibre entre l’intériorité et l’ambiance de party. J’ai pour ma part voyagé entre «cœur léger» et «remuée», à travers ce spectacle qui nous faisait passer par tout un amalgame d’émotions.
Le spectacle s’est terminé (avant le rappel, bien entendu) sur une projection de la phrase «à l’amour infini d’une mère pour son fils», venue accompagner avec douceur la fin de la chanson «The Fear of Falling Apart», l’une des pièces les plus populaires du dernier album.
C’est sur ce moment de pure beauté que le public a chaleureusement applaudi le chanteur et son groupe, qui sont ensuite revenus sur scène pour offrir un rappel qui fut vraiment apprécié. La soirée s’est officiellement terminée, au plus grand bonheur des fans, sur trois succès de Coastline. Les spectateurs se sont régalés avec les chansons «Thirsty», «Sleeping On My Own» et «Coastline», sur lesquelles ils ont pu danser et se laisser aller.
Est-ce que je m’attendais à danser davantage pendant le concert de Geoffroy? Peut-être. Mais est-ce que je suis déçue pour autant? Pas du tout. J’admire l’authenticité, la vulnérabilité et la douceur qui se retrouve dans 1952, une œuvre qui reste autant fidèle au style musical du chanteur qu’aux sentiments qu’il ressentait au moment de sa création.
Geoffroy, c’est un artiste complet, intègre et sensible que je vous conseille fortement de découvrir.
L'avis
de la rédaction