SortiesConcerts
Crédit photo : Emmanuel Gagné
Deux femmes, une seule puissance fracassante
C’est aux Américaines Jax Anderson et Miya Folick qu’a été confiée la tâche d’assurer les premières parties de ce concert. Deux approches stylistiques complètement différentes (l’une ayant une attitude dérivant vers le punk, l’autre plus aérienne), mais deux axes communs: une présence inspirante sur scène et une performance à couper le souffle!
Pour ma part, je ne soulève qu’un seul petit bémol: l’ordre des performances d’Anderson et de Folick aurait dû être inversé. La magnifique voix de Miya Folick aurait ainsi pu percuter le public avec un impact à la hauteur de son talent et de son registre vocal émouvant, à l’image de Dolores O’Riordan, Sinead O’Connor, ou encore Martha Wainwright.
Que le combat commence!
Une salle plus que réchauffée et pleine d’énergie a laissé déborder sa joyeuse impatience, alors que trois gros compteurs aux chiffres rouges sont apparus au fond de la scène, nous annonçant que Briggs serait parmi nous d’ici quelques minutes. Pendant ce temps, mes yeux ont pu observer une scène au montage original, dû à sa petite superficie, où les instruments trônaient sur un deuxième étage, créé pour l’occasion, laissant toute la place à la chanteuse au rez-de-chaussée.
Sur la fin du décompte, ce message nous est apparu: «Champion Tour: Press start to begin». Nul besoin de dire qu’autour de moi, la foule s’est mise à applaudir, à hurler et à acclamer la chanteuse au crâne rasé, alors que celle-ci est accourue sur la scène, vêtue d’un ensemble confortable, prête pour son active performance.
Visiblement émue par l’accueil que lui a réservé son public montréalais, Bishop Briggs a débuté son concert avec «Champion», chanson-titre de son nouvel opus, parue il y a quelque temps comme single. La foule semblait très heureuse de pouvoir enfin chanter les paroles avec l’artiste. Cette symbiose vocale entre Briggs et son public ne s’est terminée qu’une heure plus tard, lorsque les lumières se sont allumées dans la salle.
Un enchaînement de hits digne d’un combat de boxe s’achevant par K.O.
Durant cette heure qui m’a semblé durer quelques minutes, nous avons eu droit à un total de dix-sept chansons tirées de son EP (2017), de son album Church of Scars (avril 2018) et de Champion, son plus récent album à venir. Le choix des titres pour le setlist de ce concert était réussi, selon moi, puisque l’ensemble a donné un résultat limpide, où tout semblait avoir sa place.
De vieux succès, tels que «Wild Horses» et «Hi-Lo (Hollow)», se sont ainsi retrouvés entremêlés à de nouvelles créations. Je pense, entre autres, à «Jekyll & Hide», sortie sur les réseaux sociaux il y a à peine quelques jours, et à la déjà encensée «Tattooed on My Heart». Tout au long du concert, mes oreilles ont bourdonné intensément, résultat de cet heureux mélange indie pop créé par Briggs, influencé tantôt par la musique soul, le gospel ainsi que par les beats intenses caractérisant la musique hip-hop.
De plus, nous avons pu apprécier, aux dires de l’artiste, une emo version très réussie de son titre «Dream». Pour l’occasion, la chanteuse et son guitariste ont pu s’asseoir sur des tabourets, seul moment de répit de ce spectacle. La guitare électrique avait été mise de côté, au profit du son acoustique.
En dernier round, la chanteuse a choisi d’interpréter «My Shine», chanson exprimant sa colère, ainsi que son très attendu succès «River», qui a fait lever la foule installée sur tous les paliers du Club Soda pour une dernière fois en ce samedi d’octobre.
Une attitude sincère et honnête
Tout au long de cette soirée, j’ai eu la forte impression que la foule dégageait des ondes énergisantes incroyables vers une artiste qui avait visiblement besoin de s’en nourrir.
Effectivement, Briggs nous a parlé ouvertement de sa rupture et de cette période très noire de sa vie. Ce combat contre le néant a été la source qui a fait jaillir une force créatrice lui inspirant les paroles des chansons de Champion. Nous avons eu la preuve incontestable que l’artiste poursuit une rémission encore inachevée, mais qu’elle absorbe tout ce que ses admirateurs lui donnent afin d’accélérer sa guérison.
Quelle satisfaction que celle d’avoir pu m’insérer anonymement dans cette foule de fans inconditionnels de Bishop Briggs samedi soir! En tant que néophyte, j’y suis allé sans aucune attente, et je suis sortie du Club Soda avec des mélodies accrocheuses en tête, et, surtout, avec l’image d’une artiste humble, humaine, plus que sympathique et porteuse d’un sourire éclatant et contagieux!
Si Bishop Briggs nous a dit, dans toute sa vulnérabilité, «You’re making me so happy […]. I’d forgot that!», lors de son interprétation de «The Way I Do», nous pouvons lui assurer qu’elle a su nous rendre une large part de cet intense bonheur durant toute sa prestation.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Champion
2. Wild Horses
3. Dark Side
4. Hallowed Ground
5. Be Your Love
6. Jekyll & Hide
7. White Flag
8. Stressed Out / I Write Sins Not Tragedies / Welcome To The Black Parade (reprises)
9. Dream
10. Tattooed On My Heart
11. The Way I Do
12. Someone Else
13. Hi-Lo (Hollow)
14. The Fire
15. Baby
Rappel
16. My Shine
17. River