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Crédit photo : Thomas Mazerolles
Le MTELUS était plein à craquer hier soir, rempli d’une foule bigarrée qui attendait impatiemment la venue du groupe français. En première partie, le Montréalais Robert Robert (Arthur Gaumont-Marchand), auteur-compositeur-interprète qui se démarque sur la scène électronique locale, n’a malheureusement pas su réchauffer le public. Ce dernier a préféré continuer à discuter en attendant le programme principal, pendant que rythmes et lumières s’unissaient dans une danse organisée à la perfection par l’artiste.
Une énergie extraordinairement contagieuse
Sur le coup de 21 h, la scène s’est éclairée de rouge et de blanc, laissant apparaître au loin une projection du gigantesque robot de pierre, figure emblématique du dernier album studio de la formation européenne. Autour de moi, la foule hystérique ovationnait déjà le groupe qui n’avait pas encore fait son apparition.
À peine quelques secondes plus tard, quatre membres du band, dont la très dynamique chanteuse Zoé Colotis, vêtue d’une simple robe noire au col blanc d’aspect rétro, ont rejoint la scène en répandant une énergie hors du commun dans la salle déjà enflammée. Deux autres musiciens, dont l’extraordinaire saxophoniste Victor Raimondeau, sont finalement venus compléter la formation.
Une liste de titres accrocheurs pour toutes les oreilles
Les chansons, ayant toutes pour point commun une composition audacieuse fusionnant le swing, l’électro et le jazz manouche en différentes proportions, ont été choisies judicieusement afin de rendre hommage à leurs quatre albums studio. Ainsi, le public a pu entendre des pièces espérées de leur premier opus homonyme datant de 2008. Caravan Palace a entre autres interprété «Jolie Coquine», chansons remarquablement swing, où Colotis ondule et se désarticule au gré du rythme.
De cet album, j’ai surtout été stupéfaite par les deux titres joués en rappel. Le premier, «Star Scat», semblait donner vie à l’androïde de pierre du décor grâce à une voix robotisée, ainsi que par la technique du «scat», forme de jazz vocale utilisant des onomatopées au lieu de paroles. Le second titre, «Brotherswing», a été le clou du spectacle selon moi. C’est cette chanson que j’ai préférée, pour ses rythmes puissants, ses jeux de lumière frappants, et surtout pour cet engouement intense de la foule, qui s’est soulevée une dernière fois de façon remarquable.
En ce qui concerne les autres titres joués, nous avons eu droit à une prestation dansante de style swing hallucinante sur «Rock It for Me» (album Panic, 2012). De l’album <|°_°|>, paru en 2015, je retiens le titre attendu de tous, «Lone Digger», qui a fait vibrer la structure du MTELUS, mais où malheureusement on perdait parfois la magnifique voix de Colotis.
Évidemment, le groupe faisait hier soir la promotion de Chronologic, dont plusieurs chansons nous ont été présentées. Je cite entre autres le titre «Miracle», paru tout d’abord en tant que single, qui a permis aux musiciens de se démarquer sur scène à tour de rôle. «Leena», pour sa part, m’a procuré la sensation d’avoir un mélange parfait de swing et d’électro dans les oreilles. Enfin, «Melancolia», a été la seule chanson plus tranquille du concert, permettant aux âmes en délire de souffler un peu avant la grande finale.
Interagir avec son public ou savoir donner et recevoir
Selon moi, Caravan Palace s’est démarqué tout au long du spectacle par des interactions variées avec son public. En effet, nous avons été encouragés à maintes reprises par Zoé Colotis et ses acolytes à suivre le rythme en tapant des mains, à exécuter quelques pas de danse, à se lever de nos sièges et à chanter avec eux à tue-tête les paroles de certaines chansons. Je pense notamment à leur très populaire reprise de «Black Betty» (Lead Belly), où la foule ne s’est pas fait prier pour chanter tout haut avec les artistes!
En terminant, je suis convaincue que les membres de Caravan Palace ont donné tout ce qu’ils possédaient, sans relâche, tout au long de cette soirée mouvementée! En retour, la foule, ultra réceptive, a absorbé cette attaque d’endorphine, l’a transformée en y ajoutant une bonne dose d’euphorie et d’affection, et a renvoyé ce fameux mélange électrisant directement sur scène.
Cet échange essentiel est la nourriture de l’âme d’un artiste et de son public, et est aussi, par le fait même, le reflet d’un concert réussi, grandiose et mémorable!
Caravan Palace au MTELUS en images
Par Thomas Mazerolles
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de la rédaction