ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Frédéric Lemay
Le public fut accueilli à l’extérieur de la Maison de la culture Maisonneuve par les trois acteurs, grimpés sur une table à pique-nique devant nous, pour nous expliquer leur projet, leur processus de création et ce à quoi nous allions assister dans quelques instants. Nous les avons ensuite suivis à l’intérieur et nous nous sommes installés dans la très intime salle de représentation, où la disposition du public (placé en deux demi-cercles autour de l’aire de jeu, avec une vingtaine de spectateurs assis au sol) ajoutait au sentiment de proximité préalablement bien installé.
Sur une scène vide, les acteurs ont commencé leur prestation en se présentant à nous et en nous remerciant sincèrement d’être venu assister à cette ébauche de leurs recherches. La suite de la pièce fut constituée de moments de fiction tournant autour du personnage d’Annie (Alice Moreault), laquelle a perdu son père, et de ses amis (Frédéric Lemay et Noémie O’Farrell), qui la supportent dans ses épreuves.
Ces scènes furent interrompues à trois reprises par l’un des acteurs quittant l’aire de jeu pour aller mettre sa tête dans une boîte placée à l’une des extrémités de la scène. Les moments joués dans cette boîte étaient projetés sur un grand écran tout au fond de la salle.
Lorsque les acteurs nous parlaient à travers ce cubicule, les personnages n’existaient plus; nous assistions alors à des moments de documentaires où, tour à tour, les créateurs venaient nous raconter un moment de leur processus de création, une embûche, une pensée. Ces révélations, livrées dans ce confessionnal réinventé, ajoutaient inévitablement une couche supplémentaire au côté intimiste de la création.
Dans une scénographie des plus dénudées, les choix de simplicité et d’authenticité, autant dans l’approche des acteurs que dans les éclairages et l’ambiance sonore, étaient à l’honneur. Malgré un lot de magnifiques images, de passages de textes saisissants et de procédés théâtraux innovateurs, je n’ai toutefois pas réussi à bien saisir le message que le trio de créateurs a voulu véhiculer…
En sortant de la salle, je me suis sincèrement demandé: qu’est-ce qu’on a bien voulu me raconter? À travers ce va-et-vient entre les personnages et les témoignages, on nous a parlé de deuil, d’amitié, de remises en question et d’univers plus grand que soi, certes, mais à travers une trame narrative un peu floue, qui, à mon avis, mériterait d’être clarifiée afin que le message soit mieux saisi.
Or, si Tout passera n’est peut-être pas arrivé à renverser les spectateurs autant que ses créateurs l’auraient souhaité, la représentation à laquelle nous avons assisté était embryonnaire et justement présentée à ZH Festival dans le but d’expérimenter et de réajuster le tir suite aux impressions du public. Une discussion suivait d’ailleurs le spectacle afin que le trio puisse recueillir les commentaires et les questionnements de l’auditoire, initiative très humble de leur part.
Même si la pièce ne m’a pas chavirée, j’ai tout de même trouvé cela magnifique d’assister à cette étape importante de la création de ces trois acteurs de talent, pleins de créativité, de sincérité et d’humilité.
Gageons que la suite des choses saura leur être utile afin de clarifier certains aspects de leur création, et ainsi mettre en valeur les idées et les procédés pleins de potentiels qu’ils ont réussi à mettre en scène avec brio et sensibilité.
L'avis
de la rédaction