«Le corps des femmes est un champ de bataille» de Laurent Chabin – Bible urbaine

LittératurePolars et romans policiers

«Le corps des femmes est un champ de bataille» de Laurent Chabin

«Le corps des femmes est un champ de bataille» de Laurent Chabin

Un polar digne des maîtres du genre

Publié le 1 mai 2012 par Olivier Boivin

Crédit photo : Coups de tête

Vous le connaissez sûrement comme étant l'auteur du roman Le Prisonnier, le sixième tome de la série Élise, paru aux éditions Coups de tête, et pour ses nombreux ouvrages (il a écrit au Québec 80 romans) s'adressant tantôt aux enfants, tantôt aux adolescents ou aux adultes. Laurent Chabin, avec Le corps des femmes est un champ de bataille, signe un roman cru où la vengeance et les instincts meurtriers abondent, qu’il y ait suspect ou non.

Certes, ce 51e roman n’est pas une histoire de tout repos. La narratrice, Lara Crevier, en arrache royalement pour retracer les créateurs d’un double meurtre où viol et violence physique atroce viennent chambouler l’univers d’une étudiante en littérature, convaincue d’être en mesure de démêler les coupables réels des innocents, et ce, huit ans après les événements tragiques. Mais qu’est-ce qui a poussé la protagoniste à vouloir mettre le doigt sur le monstre ayant provoqué les terribles évènements du 11 septembre 2001?

Le roman se divise en deux parties, soit en deux lieux distincts: Montréal et St. Louis. Les témoignages sont, pour la plupart, froids et acerbes, les alibis abondent comme une volée de mouches noires, le tout exaspérant au plus haut point la détective en herbe, dans cet univers aussi dégoûtant qu’une invasion de cancrelats à domicile.

Quels sont les motifs qui justifient des meurtres aussi crapuleux, ceux d’un écrivain canadien et de sa tendre épouse? Comment se fait-il que les suspects ne soient toujours pas accusés?

Ici, la plume corrosive de l’auteur est très lourde, voire vulgaire, et elle apporte une crédibilité désarmante à ce polar sérieux comme le Pape. 

«Que Minski l’ait qualifiée de belle salope n’est pas significatif. Toutes les femmes, pour lui, doivent être des salopes, et le seul fait de le dire aussi crûment à une jeune étudiante assise devant lui doit le faire jouir. Mais il a évoqué une vie qu’elle aurait eue – en dehors de Cavanagh? – et dont peu de gens sont au courant. A-t-il voulu parler d’un passé trouble – genre l’ancienne prostituée ou l’actrice porno repentie se refaisant une virginité en épousant une icône de la culture internationale? Je ne crois pas. Ce genre de ragot croustillant aurait été débusqué par la presse à sensation, et Minski, par ailleurs, ne se gargariserait pas avec d’aussi minables broutilles.»

L’écriture de Chabin est imaginative et métaphorique à souhait. Il réussit à provoquer chez le lecteur toutes sortes d’émotions aussi déplaisantes que décapantes, et ce, simplement grâce à ses tournures de phrases imagées et métaphoriques: «Ce type me fait froid dans le dos – l’effet d’un gel passé au creux des reins par une main de velours dans un gant de fer…». Que l’on aime les polars ou non, on ne peut nier le fait que l’histoire est captivante et il va de soi que l’auteur nous embarque pieds joints dans l’épopée de ses divers personnages, tous plus louches les uns que les autres.

Il est évident, en somme, que c’est en ayant expérimenté que l’on devient maître, et lui, la pratique, on peut dire qu’il connaît ça comme le fond de ses poches.

Cliquez ici pour lire un extrait du roman: http://coupsdetete.com/extraits/51.pdf

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