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Après avoir séduit la scène hip-hop québécoise avec son succès «Insane», qui s’est hissé au sommet des ondes radiophoniques dès sa sortie, le rappeur montréalais d’origine haïtienne Baxter Dexter vient de mettre le point final à son album S.M.S après déjà dix ans d’activité. Fruit d’un travail de moine, ce premier effort, disponible en magasin le 13 novembre prochain, risque de frapper votre imaginaire tel un coup de poing au visage.
Baxter Dexter est reconnu pour être un rappeur arrogant et controversé, un rien prétentieux, et qui n’a pas la langue dans sa poche. À l’instar du Français OrelSan ou du jeune blanc-bec Eminem, ainsi que des figures-clés du hip-hop urbain sauce Dr. Dre, Snoop Lion, Jay-Z et Notorious B.I.G., Dexter a vite compris qu’un franc parler et une solide attitude allait lui attirer le succès telle une nuée de mouches noires. Son premier hit bilingue, «Insane», adopte à juste titre l’allure hip-hop/rock exploitée par Kid Cudy avec «Erase Me», sur laquelle Kanye West signait une collaboration de maître en 2010. Ici, c’est le groupe rock québécois Downline qui assure un refrain où la ligne de guitare offre une mélodie rythmée avec bien du mordant.
Alliant des mélodies soft aux textures électroniques douces et soutenues, style Le chant des sirènes d’OrelSan ou My Beautiful Dark Twisted Fantasy de Kanye West, Baxter Dexter, avec un chant s’apparentant parfois à celui de Koriass, frappe fort avec un premier opus d’emblée entraînant. Dès la première écoute, les succès s’empilent, on pense ici à «Stay Alive», «Rythme de ma vie», «J’ai oublié», «Superficiel», «Insane», «Ma planète», «Bruit» et «J’pars en homme», pour ne nommer que ceux-ci.
Les thématiques de Baxter Dexter ne révolutionnent certes pas la poésie urbaine du hip-hop québécois. À travers des paroles tantôt gratuites, tantôt provocantes et, hélas!, tantôt dégradantes pour la femme moderne, Dexter se rapproche davantage du style ex-player repenti d’OrelSan ou Sean Paul que Loco Locass et son lyrisme politisé. De Montréal-Nord aux gangs de rue, aux difficultés d’être un rappeur au Québec jusqu’aux femmes à gros seins pas assez sexy pour lui, Baxter Dexter offre un beau panorama, pas toujours jojo, de sa vie d’artiste: «O.K., je suis superficiel / mais que veux-tu / le style je le télécharge comme un logiciel / Alors j’aime les belles femmes / avec la classe rapidement j’oublie celles / de mauvais goût / comme un plat dans lequel on aurait trop mis de sel».
Le premier clip de Baxter Dexter, «Bruit», lequel a été réalisé par Dom Paré, illustre parfaitement la musique urbaine underground dans laquelle le rappeur a évolué depuis ses débuts. On attend patiemment la sortie de son nouveau clip, «J’pars en homme», qui a été réalisé par Chris Macari (Booba, Soprano, Snoop Lion).
Baxter Dexter lancera S.M.S en formule 5 à 7 le lundi 12 novembre 2012 au Cabaret Underworld (1403, St-Elizabeth).
Appréciation: ****
Crédit photo: Sébastien Leblanc
Écrit par: Éric Dumais