LittératurePolars et romans policiers
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Les frères Sisters sont Charlie et Eli, deux hors-la-loi fort singuliers qui ont été engagés par le Commodore afin de suivre la trace du méchant Hermann Kermit Warm, un voleur qui mérite, aux dires du chef, de payer le prix de ses bassesses. Chevauchant les vallées d’Oregon City, de Jacksonville à Sacramento jusqu’à San Francisco, les deux hommes se frotteront à bon nombre d’embûches: des vieilles sorcières étriquées aux orphelins frustes, aux cavaliers désespérés jusqu’aux trappeurs sanguinaires, Charlie et Eli Sisters devront faire preuve d’adresse et de tact pour arriver sain et sauf à destination.
Mélangeant l’étrangeté de l’univers kafkaïen, l’absurdité de la pièce En attendant Godot de Samuel Beckett, à la naïveté des jumeaux du roman Le grand cahier d’Agota Kristof, Les frères Sisters est un roman réaliste qui agit tel un baume sur notre imaginaire d’emblée aux anges. Le récit de Charlie et Eli Sisters est à ce point envoûtant que vous vous surprendrez à éclater de rire au rythme des dialogues incisifs et humoristiques de deWitt ou à espérer de tout cœur que les protagonistes se sauvent d’une situation malencontreuse, puisqu’ils sont, malgré leur caractère torrentueux, à ce point charmants et attachants.
Le récit est raconté par les yeux d’Eli, le frère le plus tenable et censé du tandem. Charlie, pour sa part, est le stéréotype parfait du dur à cuire qui n’a pas froid aux yeux et qui sait conserver son sang-froid devant des situations dangereuses. Ainsi, les frères Sisters, dont les tempéraments sont aux antipodes, ne cessent de se chamailler et de se triturer les méninges pour des peccadilles, et c’est là où résident toute la force et l’intelligence de Patrick deWitt: l’art de donner vie à des personnages certes excentriques mais vivifiants, dont les aventures, quoique rocambolesques et parfois tirées par les cheveux, nous tiennent en haleine jusqu’à la dernière page.
Les frères Sisters est un récit où les bons comptes font les bons amis. Bienvenue au Far West, cher lecteur.
L'avis
de la rédaction