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Crédit photo : Photo Lot
Cette pièce est séparée en deux parties distinctes, abordant dans un premier temps la rencontre des amants, leur élévation vers le succès, leur vie new-yorkaise ainsi que leur quotidien déluré rempli de gin et de champagne, de bijoux et de fêtes. Bref, l’époque de The Great Gatsby, Scott Fitzgerald ou l’étoile montante de la littérature. Dans un deuxième temps, nous retrouvons le couple accompagné de leur fidèle confident et ami Ernest Hemingway sur la côte d’Azur en France.
Scott et Zelda ont désormais une fille nommée Scottie, mais petit à petit la vie des Fitzgerald commence doucement à tendre vers le déclin. La jalousie et la perte d’inspiration déclenchent lentement les prémices de la folie latente d’une Zelda malheureuse. Puis nous plongeons directement dans le monde intérieur de Zelda en pleine crise de schizophrénie. Elle se retrouve seule avec ses démons dans leur maison de Montgomery, en Alabama, tandis que Scott vient de décéder d’une crise cardiaque.
Sara Giraudeau incarne une Zelda garçonne et pleine de caractère, se présentant comme une véritable muse pour son écrivain de mari, mais aussi petit à petit comme sa principale rivale. Le jeu de la comédienne fonctionne très bien et renvoie une autre image différente du couple Fitzgerald.
En effet, nous voyons une femme en manque d’émancipation à cause de l’alcoolisme chronique de Scott, de sa grande jalousie et de son obstination pour empêcher Zelda d’écrire la moindre histoire tant il était obsédé par le succès de ses livres. C’est principalement sur ce sujet que la pièce repose: le destin d’une femme qui rêvait de succès, de richesse et qui, au final, n’existe que dans l’ombre de son mari, peinant à être ce qu’elle est au fond d’elle-même.
Julien Boisselier, dans le rôle de Scott Fitzgerald, est juste et souvent impassible face à la nervosité et à l’hyperactivité constante de sa femme Zelda, créant alors un contraste intéressant entre les deux comédiens. Jean-Paul Bordes joue Ernest Hemingway et représente le pont stable entre les deux rives (Zelda et Scott), confident et ami du couple. Il propose alors une image un peu bourrue de l’auteur de Pour qui sonne le glas bien touchante. Ce trio représente alors une sorte d’amour triangulaire jusqu’à ce que la folie de Zelda se déclenche.
La première partie de la pièce s’écoule très bien, le rythme est en parfait contrôle avec le ton de la pièce et permet au spectateur de découvrir l’identité de chacun des personnages qui jouent devant lui. Malheureusement, juste après l’entracte qui sépare les deux parties, le spectateur ente dans une tout autre dimension.
Bien qu’il s’agisse du déclin du couple Fitzgerald et que la dépression de Zelda commence à envahir leur foyer, le rythme et l’intrigue s’essoufflent et nous arrivons à la fin de la seconde partie avec un peu moins de concentration qu’au tout début. L’entracte existe certainement pour répondre à une question technique concernant la mise en place d’un second décor, mais il est dommage que le spectateur n’ait pas eu droit, à la place, à une pause de quinze minutes pour profiter du Manhattan Jazz Band, qui jouait tout au long de la pièce et permettait au spectateur de s’immerger dans l’univers musical jazz des années 20.
En somme, la pièce Zelda et Scott est à voir pour ceux qui souhaitent découvrir l’univers, la vie et les déboires du couple Fitzgerald, mais aussi et surtout pour assister à l’excellent duo Giraudeau-Boisselier par son excellent jeu. Même si l’on s’est déjà intéressé à l’histoire du couple, on y découvre aussi quelques détails parfois méconnus qui nous font encore plus revivre les années 20 des Fitzgerald.
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de la rédaction