ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Danny Taillon
Le matériel source étant à la source profondément hilarant, oscillant entre l’absurde et le malaise, c’est le metteur en scène Simon Lacroix qui a été sélectionné pour ajouter une troisième dimension à l’aventure.
Qui de mieux qu’un membre en règle du Projet Bocal pour relever ce défi?
Plusieurs facettes de la production font en sorte que l’ensemble est un indubitable triomphe, mais au sommet du palmarès des bons coups, on trouve la mise en scène de Lacroix, justement, qui a semble-t-il voulu transmettre le plus efficacement possible aux spectateurs l’impression de lire une bande dessinée, en jouant avec ses codes et en multipliant les transitions inusitées, inventives et saisissantes.
La caricature, finement exécutée, présente de douloureux parallèles avec certains personnages plus grands que nature du milieu artistique.
Le rythme est punitif: les blagues et les gags se succèdent sans aucun temps mort, et le public s’esclaffe si fréquemment que les interprètes doivent parfois attendre la fin des éclats de rire tonitruants avant de poursuivre.
Les personnages de Cantin mettaient déjà la table avec leurs nombreux défauts, mais le fait de les voir incarnés en chair et en os par cette talentueuse brochette d’acteurs et actrices que sont Charlotte Aubin, Frédérike Bédard, Éric Bernier, Sonia Cordeau, Oscar Desgagnés, Vincent Kim, Guillaume Laurin et Sébastien Tessier est tout simplement fabuleux.
Il faut un sens de la répartie aiguisé et un timing irréprochable pour incarner sur les planches un texte aussi mordant, mais heureusement, la distribution est inouïe. Impossible de vous dire qui se démarque tellement les performances sont uniformément à couper le souffle.
Le texte a été adapté par Sébastien Tessier et Guillaume Laurin en collaboration avec l’auteur, après que les deux comédiens aient utilisé un segment de la bédé pour une audition chez Duceppe. Alors même que l’adaptation cinématographique de son roman graphique Vil et misérable en est au stade du montage, Samuel Cantin a le vent dans les voiles.
Et avec raison: son univers délectable, composé d’observations décalées, de personnages imbuvables, d’humour absurde et de malaises férocement drôles est parfait pour le théâtre. Surtout si on cherche une comédie à la fois puérile et intelligente, qui nous sort quelques instants du marasme dans lequel nous plonge l’actualité.
La pièce «Whitehorse» en images
Par Danny Taillon
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de la rédaction