«Vrais Mondes» d’Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier à la Cinquième Salle de la Place des Arts – Bible urbaine

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«Vrais Mondes» d’Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier à la Cinquième Salle de la Place des Arts

«Vrais Mondes» d’Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier à la Cinquième Salle de la Place des Arts

La conscience de l’autre dans sa singularité

Publié le 15 mai 2014 par Isabelle Léger

Crédit photo : Sarah Lalonde

Comment surmonter les coups durs de la vie et comment composer avec sa nature profonde? Voilà deux questions que nous renvoie le spectacle-vérité Vrais Mondes d’Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier, présenté cette semaine seulement à la Cinquième Salle de la Place des Arts. Les réponses offertes par des inconnus, au parcours à la fois ordinaire et atypique, révèlent la part d’ombre que nous portons tous, quelle qu’elle soit.

Issu d’un précédent spectacle qui réunissait plusieurs genres, le concept mis en œuvre s’est resserré dans une forme unique, autour de sept personnes. La cinéaste Anaïs Barbeau-Lavalette a fait des entrevues avec elles pour en soutirer huit minutes, qui constituent la trame sonore et narrative de chaque histoire. Les protagonistes sont eux-mêmes sur scène et se succèdent. Ils sont eux-mêmes, dans une mise en scène (d’Émile Proulx-Cloutier) où le mot d’ordre était sans doute «Rester vrai».

On sent que la cinéaste et documentariste a un don pour mettre ses sujets en confiance. Denis, l’horloger devenu ermite, relatera sa puberté tardive. Christian, enfant de la guerre du Vietnam adopté par une famille québécoise, se souviendra de ses efforts pour canaliser sa rage, efforts qui tournèrent mal et eurent des conséquences graves. Kevin, dont l’enfance fut volée par la loi qui arrachait les enfants autochtones à leur famille dix mois par année, explique avec une empathie désarmante pourquoi ces mesures infâmes blessaient les parents tout aussi profondément que les enfants.

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Ainsi, le spectacle se caractérise par une sobriété restituant avec justesse la simplicité par laquelle chaque sujet parle de son expérience. L’effet sur le spectateur n’en est pas un de tragédie ni même de drame. Il est tout en nuances et se construit par petites touches. Et l’espoir vient pointer à l’horizon, entre autres par la foi en l’amour de Miss Toto, reine de beauté congolaise, et par le désir de Marc-Antoine de sauver la planète.

La présence du multi-instrumentiste Étienne Ratthé et d’Émile Proulx-Cloutier au piano pour assurer la transition entre les tableaux installe une ambiance dont le ton se marie bien avec les témoignages.

Le pari de la forme hybride entre documentaire et représentation est donc réussi. N’y cherchez pas de grands éclats, ni de larmes ni de rire. Acceptez de vous demander, en rentrant au travail le lendemain, ce que votre collègue aurait raconté, lui, car c’est un peu ce qu’on cherche à provoquer. La conscience de l’autre dans sa singularité.

Le spectacle «Vrais mondes» d’Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier est présenté à la Cinquième Salle de la Place des Arts les 14, 15, 16 et 17 mai 2014. Les billets sont actuellement en vente au coût de 24 $ (taxes et services inclus) à la billetterie de la Place des Arts au 514-842-2112 et au 1-866-842-2112 ainsi que via Internet au www.laplacedesarts.com.

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