«Volpone ou le renard» de Ben Jonson au Théâtre de la Madeleine à Paris: le pouvoir corrupteur de l’argent n’a jamais été aussi actuel – Bible urbaine

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«Volpone ou le renard» de Ben Jonson au Théâtre de la Madeleine à Paris: le pouvoir corrupteur de l’argent n’a jamais été aussi actuel

«Volpone ou le renard» de Ben Jonson au Théâtre de la Madeleine à Paris: le pouvoir corrupteur de l’argent n’a jamais été aussi actuel

Publié le 17 décembre 2012 par Pauline Guyau

«Volpone ou Le renard» est une comédie de Ben Jonson, présentée pour la première fois à Londres en 1606. Après différentes adaptations telles que Jules Romains, Stefan Zweig (1928) ou  encore Jean Meyer et Pierre Sabbagh en 1978; c’est au tour de Nicolas Briançon en 2012 d’adapter cette grande histoire italienne au Théâtre de la Madeleine à Paris.

Volpone (joué par le très bon Roland Bertin) est un très riche célibataire sans héritier naturel qui feint d’être à l’article de la mort, ce qui fait s’ameuter autour de lui une foule de prétendants à la succession. C’est son valet Mosca, sous les ordres de son maître, qui se charge d’orchestrer la farce, en laissant croire à l’avocat Voltore (Vautour), le gentilhomme Corbaccio (Corneille) et le jeune commerçant Corvino (Corbeau) qu’ils ont une chance de voir leur nom inscrit sur le testament du cher Volpone.

Les trois belles victimes rendent régulièrement visite à Volpone, les mains pleines d’or et d’argent pour s’assurer d’être le préféré du grand voleur. Corvino va jusqu’à offrir sa très jeune femme qu’il protège maladivement, et Corbaccio déshérite son fils.

Les faux-semblants de Volpone marchent jusqu’à ce que Bonario (fils du vieux Corbaccio) le surprenne en train d’abuser la femme de Corvino.

C’est à partir de là que les choses se compliquent; tous les personnages se retrouvent dans un procès dans lequel les innocents sont coupables et les coupables innocents. C’est encore avec trop de ruses que Volpone décide d’annoncer sa fausse mort sur la place publique. À trop vivre dans l’illusion, Volpone se fait avoir à son propre jeu par Mosca, son serviteur, après l’avoir inscrit sur son testament; Mosca rappelle à son ancien maître qu’il est mort et lui ordonne de partir de son palais.

L’adaptation de Nicolas Briançon et Pierre-Alain Leleu est agréablement surprenante et étrangement actuelle. La mise en scène de Nicolas Briançon est très appréciable par son choix de la gestion et l’occupation des espaces, ainsi que la dynamique des coups de théâtre. En effet,  la plupart des scènes de l’histoire se déroule dans la maison de Volpone, mais quelques fois nous arrivons sur la place du marché où les personnages occupent les balcons du théâtre ou bien les couloirs de la salle. Ou encore, lors du procès final, nous assistons à cette mise en abyme théâtrale dans laquelle le spectateur se retrouve à la fois voyeur et spectateur direct du procès, comme si d’un seul coup il se retrouvait dans le Venise du XVIIe siècle!

Une mise en lumière particulière pour les très beaux décors de Pierre-Yves Leprince et les costumes de Michel Dussarat, car il est toujours très plaisant de découvrir un travail si original et appliqué.

La pièce aborde les grands thèmes de l’abus de pouvoir, des méfaits de la richesse, de la fourberie des riches et de la canaillerie des pauvres. Cette comédie du dramaturge Ben Jonson datant de quatre siècles n’a jamais été aussi actuelle.

«Volpone ou le renard» joue au Théâtre de la Madeleine jusqu’au 6 janvier 2013 à Paris.

Volpone_1Volpone_2Appréciation: ****

Crédit photo: Richebé

Écrit par: Pauline Guyau

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