ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Toma Iczkovits
À Tahiti, quelque part dans un futur pas si lointain, une communauté composée de pseudo-hippies aux origines variées vit de smoothies et de surf. Les champions du groupe, imperturbables, exercent un droit de «cruisage» sur toute nouvelle arrivante, et sont adulés par un groupuscule de wannabes. John-Nathan trône au sommet de la pyramide, suivi pas très loin derrière par Joe Coal. Ils attendent la vague parfaite, et n’ont aucune autre raison de vivre. Lorsqu’une journaliste vient leur annoncer qu’un tsunami va détruire leur paradis et semer une certaine zizanie en s’offrant au plus cool du groupe, la dynamique changera drastiquement et la paix sera compromise.
Après notre adulation sans équivoque pour la Trilogie du Futur, présentée intégralement ce printemps au Théâtre aux Écuries, nous étions déjà quelque peu familiers avec l’humour absurde et critique de l’équipe, mais on doit avouer avoir ressenti quelques longueurs pendant le deuxième acte qui, malgré ses détours «lovecraftiens» et ses retournements géopolitiques hilarants, aurait pu être amputé de quelques segments.
Les dialogues, majoritairement chantés en italien, en allemand et en français, sont pénétrés de l’esprit de Guillaume Tremblay, mais certaines répliques qui se veulent provocantes tombent à l’eau. La fraîcheur de la forme, un opéra qui respecte une certaine structure narrative, mais qui prend d’énormes libertés avec tout le reste, est aussi une contrainte un peu visible.
On ne rate toutefois aucun cliché de surfeur: dreads, Jack Johnson, polyamour, barres au granola, guitare au coin du feu, Gaya… On se croirait par moments dans une version revisitée sur l’acide du film The Beach, avec une délicieuse narration de Tremblay lui-même, qui fait figure de patriarche pour les surfeurs ébranlés par une série d’incidents.
C’est, au final, une pièce parfaitement estivale, un opéra original et ludique, avec beaucoup d’originalité et une interprétation énergique, pétrie de bonne humeur, qu’il faut juger dans son contexte et ne pas comparer à un classique des mêmes créateurs comme Épopée Nord ou L’Assassinat du président.
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Par Toma Iczkovits
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