ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : C4photographe
La réputation d’Alberto Lombardo est indiscutable, et Tuer Phèdre est une pièce qu’il a écrit et dans laquelle il joue aussi. C’est un huis clos en tête à tête qui évoque continuellement son matériel source, le Phèdre de Jean Racine, en dressant un parallèle avec les évènements qui se déroulent sous nos yeux.
Et nos yeux furent ravis! La joute verbale qui oppose Lombardo à François Lacroix-Lafrenière, un jeune comédien québécois très rafraîchissant, est captivante du début à la fin. On découvre peu à peu les motifs des deux protagonistes, leurs personnalités, leurs forces et faiblesses. L’affrontement devient une danse, à la fois violente et sensuelle, où pointe le désir, et le désir devient un moment un pivot majeur.
Lombardo est parfait dans la peau de ce comédien en fin de carrière, qui a donné sa vie au théâtre, mais qui en a aussi tiré quelques avantages, profitant allègrement de sa position pour goûter à beaucoup plus qu’au talent des jeunes acteurs qu’il prenait sous son aile. On sent qu’il s’est fait plaisir dans les répliques acerbes et dans quelques instants légèrement critiques envers son «industrie». Sa personnalité transparaît dans le texte, et un magnétisme certain se dégage de sa performance; l’expérience, ça trompe rarement.
On se dit au départ qu’une révision contemporaine d’un classique composé en alexandrins est une entreprise assez hasardeuse, mais notre doute se dissipe dès que la pièce commence. La joute verbale pleine d’esprit que se livrent les deux acteurs nous agrippe par le collet, et le rythme de la pièce ne nous laisse aucun répit jusqu’à la fin. Je n’ai même pas eu envie d’aller me chercher une deuxième coupe de vin, et c’est le signe indiscutable d’une soirée parfaitement réussie.
Présentée jusqu’au 17 octobre à l’Espace La Risée (1258, Bélanger).
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de la rédaction