«Ta vie danse floue» d’Agathe Foucault dans le cadre de ZH Festival 2018

Au théâtre, il n’est pas rare que les textes en soient imprégnés, ou qu’un personnage de poétesse plus grande que nature inspire une œuvre: La femme la plus dangereuse du Québec, présentée au printemps dernier au Théâtre Denise-Pelletier, célébrait Josée Yvon en imprégnant le spectateur de fragments hallucinés de sa vie. Mais que des poèmes servent de base à toute une création, c’est plus rare. On l’a vu avec Nuits frauduleuses d’Alix Dufresne en mai 2017 au Théâtre d’aujourd’hui, et c’est aussi sur ce terrain fertile et inexploré que les artisans de Ta vie danse floue s’aventurent.

Aussi présentée dans le cadre du Festival Fringe en juin, la création faisait une escale d’un soir à ZH Festival mercredi dernier. Habile collage de poèmes écrits par Maude-Éloïse Brault, mis en scène par Agathe Foucault, le laboratoire nous immerge (principalement) dans les préoccupations relationnelles d’un trio de jeunes femmes.

L’incertitude, les petites mises en scène, les demi-vérités auxquelles on finit soi-même par croire, les thèmes sont multiples. On pourrait s’attendre à ce que les mots fusent dans toutes les directions, mais la cohésion est au rendez-vous, et c’est structuralement plutôt maîtrisé.

La scène, plutôt nue, comporte un lit, un bureau et des lamelles de plastique qui pendent du plafond, comme dans un abattoir. C’est autour de ces minces éléments que les interprètes bâtissent leur petit monde, avec le pouvoir évocateur des mots savamment choisis.

Et rarement aura-t-on entendu une conception sonore aussi discrète et subtile que celle de Vincent Fillion, co-réalisée avec Xavier Ménard, qui utilisent des sonorités répétitives qui rythment les déclamations et qui plongent le spectateur dans un état de veille rêveuse qui les rend propices à avaler d’un seul trait les états d’âme de Brault.