«So Blue» de Louise Lecavalier à l'Usine C – Bible urbaine

ThéâtreCritiques de théâtre

«So Blue» de Louise Lecavalier à l’Usine C

«So Blue» de Louise Lecavalier à l’Usine C

Plus grande que nature

Publié le 30 mars 2014 par Marie-Ève Beausoleil

Crédit photo : André Cornellier

Louise Lecavalier vient d’offrir trois représentations de So Blue à l’Usine C. D’abord présenté au Festival TransAmériques en 2013, il s’agit de la première œuvre que l’icône de La La La Human Steps revendique en tant que chorégraphe avec sa compagnie Fou glorieux, en plus d’en être l’interprète principale. La composition, singulière et captivante du début à la fin, est encore magnifiée par l’incomparable présence de cette danseuse d’expérience sur scène.

So Blue est un travail du rythme plutôt que de la mélodie, tel une incantation rituelle. Chaque combinaison, généralement répétée sur quelques secondes avec de légères variations, semble l’effet des ondes musicales qui traverseraient le corps de Lecavalier et l’étendrait à des dimensions plus grandes que nature. Les gestes sont parfois si rapides que notre œil en voit les lignes qu’ils tracent dans l’espace, comme sur une photographie prise en mouvement.

Dans un moment plus calme et éthéré de la musique de Mercan Dede, Lecavalier reste longtemps sur la tête, seul le bas du corps baigné de lumière. L’effet de flottaison est fascinant, mais pas autant que la respiration qui soulève et contracte son ventre découvert. Une fois renversé et regardé autrement, le corps devient une chose étrange, autre, et la danse se retrouve dans le plus primordial des mouvements de la vie.

Le solo de la première partie se mue ensuite en duo avec le danseur Frédéric Tavernini, qui fait preuve d’une énergie légèrement plus contenue que sa partenaire. Jouant notamment avec le positionnement dans les carrés de lumière conçus par Alain Lortie, des suspensions, ainsi que des vibrations et convulsions en phase ou désynchronisées, cette partie s’avère encore plus intéressante, si possible, que la première.

Le double rôle de chorégraphe et d’interprète qu’assume Lecavalier y est pour beaucoup dans le caractère du spectacle, qui respire d’authenticité. Pour qui n’a jamais vu cette artiste exceptionnelle, So Blue devient le moment d’une merveilleuse découverte, d’une surprenante intensité. Elle y est féroce, entière, fragile, irradiante d’énergie. Elle semble danser comme elle en a envie, et nous donne envie de vivre comme elle danse, avec courage, franchise et plénitude.

La compagnie Fou glorieux, fondée par Lecavalier en 2006, a remporté la semaine dernière le Grand prix du Conseil des arts de Montréal, une distinction qui honore sa contribution remarquable au monde de la danse. Son spectacle, présenté cette année en France, au Brésil et en Allemagne, témoigne amplement de la vitalité qu’elle insuffle à la création contemporaine, et semble déjà destiné à intégrer le patrimoine chorégraphique québécois. On espère qu’il sera à nouveau présenté tant que le corps de Louise Lecavalier le lui permettra, tout en attendant avec impatience un prochain opus.

L'avis


de la rédaction

Vos commentaires

Revenir au début