ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Josée Lecompte
Après ces trois indiscutables réussites, l’attente du public, pour un quatrième volet, frôlait l’impatience. Depuis La vague parfaite, un opéra surf écrit par Guillaume Tremblay en 2016, nous attendions des nouvelles de la troupe, dont les textes sont habituellement écrits à quatre mains par Guillaume Tremblay et Olivier Morin, et la musique – indispensable à l’expérience – composée par Navet Confit.
Depuis l’annonce de sa présence dans la saison du Théâtre Aux Écuries, un mystère quasi total entoure Les secrets de la vérité. On en ignorait jusqu’à tout récemment le synopsis, ainsi que le nom des actrices et acteurs qui y participent. Et même après avoir assisté à une représentation de la pièce, on n’est honnêtement pas encore certains de bien saisir de quoi ça parle.
Autant dans sa dramaturgie que dans son projet musical Otarie, Olivier Morin a l’œil acéré et le mot juste, riant de bon cœur des travers contemporains, et son partenariat créatif avec Guillaume Tremblay est toujours garant de belles collisions et d’idées loufoques qui éclatent dans toutes les directions.
Ils ont cette fois-ci décidé de jeter leur dévolu sur les théories du complot, incorporant à leur récit Jésus, Elon Musk, des cérémonies secrètes, des chemtrails, des tardigrades, un parano qui surveille l’internet (l’impayable Francis-William Rhéaume) et une prolétaire habitant d’Estimauville, nommée Cyndine Bournival (Milène Leclerc).
Il y a plusieurs niveaux de paranoïa qui s’empilent ici, et l’opacité du récit promet au départ des révélations retentissantes. Les attentes devront cependant être mitigées, car le spectacle ne deviendra pas plus facile à comprendre, mais là n’est pas le but de la démarche. Aux spectateurs cartésiens, nous conseillerons tout comme les artisans de la pièce: faites des liens – on vous ment.
La forme complètement éclatée de la pièce, qui propose d’abrupts changements de tons, une enfilade de scènes inattendues, est bien servie par les multiples projections qui la ponctuent, et contient plusieurs degrés d’humour. Tous les types de rires se font entendre parmi les membres du public, qui apprécient ici une inside joke, et là un clin d’œil à la scène théâtrale montréalaise.
On souhaite vous laisser découvrir par vous-même la beauté du délire sans trop vous en dire, autant pour respecter la qualité des secrets que pour vous laisser savourer les nombreuses surprises, mais sachez qu’à l’écriture décapante s’ajoute une interprétation vigoureuse de l’ensemble des interprètes, avec une mention spéciale aux mouvements festifs d’un Jésus (François Ruel-Côté) méthamphétaminé, à Navet Confit en Adelo, et au magnifique Guillaume Tremblay en Elon Musk.
L'événement en photos
Par Josée Lecompte
L'avis
de la rédaction