«Rage» au Théâtre Aux Écuries: la rage d’un creux humain – Bible urbaine

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«Rage» au Théâtre Aux Écuries: la rage d’un creux humain

«Rage» au Théâtre Aux Écuries: la rage d’un creux humain

Publié le 24 mai 2012 par Justine Boutin-Bettez

On vit enseveli au creux de ce malheur, dans une rage de vulnérabilité meurtrière qui obstrue notre présent. Rage a été montée en 2009 par la metteure en scène Vicky Côté du Théâtre à Bout Portant. Cette pièce, insulaire face à elle-même, nourricière, frustré et désertique dans sa peine nous prodigue une comédienne de cœur, à poing ouvert sur la scène des Aux Écuries en ce soir de première.

Ce spectacle solo nous convie aux délires d’un corps en pleine mutation. Une effervescence subjacente du corps vivant, de l’organisme, de la liberté, de la plénitude et de la douce violence. Le corps de Vicky Côté est le seul et unique personnage de toute cette toile opaline. Par ailleurs, plusieurs disciplines se font écho, notamment la danse, les ombres chinoises, le bricolage, les marionnettes et la poésie. Un «melting pot» de sauce jamais vu, Rage, un nouveau titre expérimental québécois.

Cette bulle ballotée de solitude était cloîtrée dans une imagination hors du commun. Le public avait droit à des scénarios inventés, à des folies spontanées, à des révoltes pures, nous; une futilité grandiose. En effet, cette diplômée en art interdisciplinaire à l’Université du Québec à Chicoutimi détient le flambeau de comédienne, metteur en scène, conceptrice, marionnettiste, scénographe et créatrice. Traversant les routes des festivals et les grands théâtres, la suprématie du Théâtre à Bout Portant est d’innover encore et toujours en relief avec cette machine humaine ô combien créatrice et foisonnante.

Puis, la conception sonore de Stéphane Bouliane et de Vicky côté nous plongeait à la hauteur d’un rêve perdu, ténébreux, indéchiffrable. La musique entendue était le corps et le corps était la musique.

Avec cette aisance physique, Vicky nous enchante au sein de son univers de retailles, de papier bulle, de papier nacré et d’incarnation indubitable de solitude tranchante. Une solitude fatale. Un exil fantôme. Les immobilisations étaient rares mais intenses; chaque silence était porté à sa juste intonation.

Vicky Coté a acquis une grande notoriété avec sa troisième production, Rage, présentée au Théâtre Aux Écuries du 23 mai au 1er juin 2012.

Appréciation: ***

Crédit photo: Jean-François Caron

Écrit par: Justine Boutin-Bettez

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