ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Patrick Lamarche
Comme tout bon match d’impro, les acteurs devront respecter des thèmes, parfois farfelus, du style: «Comment faire cuire un oeuf sans faire de peine à une poule», parfois dans le respect de règles précises, comme pluguer des phrases et se débarrasser du papier ensuite pour en piger un autre!
Pendant les caucus, Simon Boudreault enfile les anecdotes au sujet de l’auteur. Ainsi, on découvre que les critiques à l’égard de sa première pièce Cul sec furent brutales. Vous irez fouiller ce que Nathalie Petrowski et Robert Lévesque en avaient dit à l’époque. Heureusement, Archambault ne s’est pas laissé freiné par leur mépris.
Et à qui revient l’étoile du match? LUC SENAY, sans contredit! Pour l’improvisation chantée sur un thème de scout, où il brode une chanson à répondre rythmée et rimée, le tout sur un thème insolite et vague comme: «Une autre fille de gaspillée».
Malgré un dénouement somme toute prévisible, un moniteur de camp qui se transforme en ogre aux penchants cochons, c’est hilarant. En fait, dès que Senay apparaît sur la «glace», c’est décidément le joueur le plus détendu. On ne voit pas le hamster rouler dans son esprit. Il incarne spontanément le personnage créé dans une contrainte de temps qui pourrait pourtant en stresser plus d’un.
Toutefois, deux improvisations se seraient mérité des étoiles pour le travail d’équipe entre les joueurs. Il s’agit d’ailleurs des mêmes personnages d’une impro à l’autre, chacun excellant à sa manière. Marie-Hélène Thibault, dans l’absurde, avec sa distribution d’assiettes en filtres à café recyclés. Sébastien Rousseau, qui nous sort un détail crucial de la première scène, pour le pluguer au bon moment dans la seconde, suscitant par le fait même le rire de Marie-Hélène, qui doit jouer la morte immobile. Un excellent rattrapage!
Parmi les thèmes, celui qui suscitait le moins d’intérêt dans les éditions passées s’est révélé un franc succès dans celle-ci. Notamment grâce à Luc Senay, qui l’intègre sans le moindre effort, de façon toute naturelle. Le thème évoqué est celui des cinq mots qui reviennent le plus souvent dans les oeuvres de l’auteur. Ainsi, les acteurs doivent placer ses mots de façon récurrente pour provoquer le rire du public. Les mots dans l’oeuvre d’Archambault sont somme toute banals: «oui», «non», «veux», «pense», «juste». Luc Senay cite les mots, mais avec crédibilité, sans forcer, sans abuser.
Enfin, a-t-on respecté l’essence des oeuvres de François Archambault qui en compte à son actif au-dessus de vingt? Pas forcément convaincue. Mais le but recherché en improvisation, à savoir, faire rire, a été respecté grâce à une cohorte d’acteurs qui maîtrisent les codes de l’humour.
Bref, l’auteur a eu du plaisir et le public aussi.
«Dans la tête de François Archambault» en images
Par Patrick Lamarche
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de la rédaction