«Naissance» de Karen Brody: inspirez, bloquez, poussez, respirez!

Une salle comble, beaucoup de femmes enceintes, des mamans avec leurs bébés, des mamans ayant déjà des enfants et, ça et là, quelques têtes masculines (dont le mari de l’auteure de ces lignes): d’une durée de 90 minutes, la pièce Naissance, de Karen Brody, ne peut laisser personne indifférent.

Présentée ce soir et demain soir à la Grande Bibliothèque de Montréal, la troupe, composée de six femmes et un homme, tous d’excellents comédiens, nous relatent l’histoire de six mamans en devenir, tantôt en nous faisant rire aux larmes, tantôt en nous émouvant profondément.

Dans l’assistance, l’émotion était palpable: les mamans enceintes avaient sous les yeux différents scénarios d’accouchement, le tout présenté avec humour; pour celles ayant déjà connu les joies de la maternité, on ressentait presque les contractions avec les comédiennes tellement elles donnaient vie à leur personnage. Et Denis Michaud, le seul comédien de la troupe, passait tantôt du futur papa surexcité, tantôt au médecin quasi antipathique, tantôt au chauffeur de taxi turc; et, situation cocasse, les pleurs des bébés dans la salle arrivaient le plus souvent une fois que la comédienne avait «accouché», une coïncidence tout à fait charmante!

Le décor, minimaliste avec seulement ses tabourets et quelques autres accessoires, représentait en fait un des atouts de cette pièce; les spectateurs n’étaient pas perturbés par une surabondance d’éléments et ils pouvaient se concentrer sur le message qui était véhiculé.

La pièce se veut en fait une façon de montrer qu’il est possible de «maîtriser» son accouchement; qu’on a notre mot à dire sur la manière dont on veut vivre ce moment unique; de pouvoir faire des «choix» en accord avec nos convictions. Notre corps nous appartient, et peu importe le lieu et les conditions dans lesquelles nous souhaitons donner la vie, le plus important est d’être à l’aise avec la décision qu’on a prise, seule ou en couple. C’est ce message que l’auteure veut faire passer, et la pièce remplit son rôle à merveille.

Loin de proclamer «qu’un accouchement, y a rien là!», on ressent presque la douleur que ces femmes vivent, et comment elles arrivent à l’apprivoiser et à s’en faire une alliée, peu importe le moyen employé. Finalement, à la toute fin de la pièce, on invite les gens à demeurer sur place afin d’assister à un panel animé par des professionnels de la santé. D’une durée de 45 minutes, ces discussions ont pour but de poursuivre la réflexion sur la naissance et l’accouchement.

La troupe amorcera bientôt une tournée à travers tout le Québec; pour les détails sur les dates et pour acheter des billets, consultez le site Web au http://www.naissancequebec.com.

Bref, que vous ayez ou non des enfants, cette pièce vaut vraiment le détour; non seulement vous passerez un agréable moment à vous dilater la rate et à pleurer, mais vous ne verrez plus jamais la grossesse et l’accouchement du même œil.

Appréciation: ****

Crédit photo: Valérie Pouyanne

Écrit par: Josée Paquet