«Michelin» de Michel-Maxime Legault au Théâtre Denise-Pelletier – Bible urbaine

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«Michelin» de Michel-Maxime Legault au Théâtre Denise-Pelletier

«Michelin» de Michel-Maxime Legault au Théâtre Denise-Pelletier

Michel à la ferme

Publié le 9 septembre 2024 par Pierre-Alexandre Buisson

Crédit photo : Stéphane Bourgeois

Quand je suis sorti de mon primaire […], les parents de mes amis amenaient leurs enfants au McDonald’s, au milieu des mouettes, pour fêter la fin de l’année scolaire. Moi, je suis arrivé chez nous et, au milieu des mouettes, j’ai eu la chance de conduire… un tracteur.

Il est plutôt rare qu’un texte de théâtre nous détaille le quotidien d’une ferme, les efforts constants requis de ses propriétaires, les drames qui s’y déroulent en coulisse. Les multiples deuils animaliers, l’absence presque totale de journées de congé.

Le monologue de Legault passe par toutes les nuances de la ferme, de la fierté de travailler sur sa propriété et pour soi-même, jusqu’au parallèle qu’il fait avec l’épandage de fumier quand il entend maintenant, dans le milieu du théâtre, une expression comme «Merde!»

Paru il y a quelques mois sous la forme d’un roman aux Éditions du Quartz, le texte de Michelin parle de la jeunesse d’un homme hypersensible et efféminé dans un milieu agricole et traditionnel. Michel-Maxime Legault a adapté son texte pour les planches, et le spectacle a été présenté en avril dernier au Grand Théâtre de Québec, dans une mise en scène de Marie-Thérèse Fortin.

Il est désormais possible d’en faire l’expérience, de nos jours, au Théâtre Denise-Pelletier.

Michel-Maxime «Michelin» Legault a hérité d’un visage extrêmement expressif, et bien qu’il ait plus fréquemment été appelé à signer diverses mises en scène ces dernières années (notamment au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui pour Savoir compter ou au Denise-Pelletier pour Les bâtisseurs d’empire ou le Schmürz), il lui arrive parfois de jouer la comédie.

Michelin est un monologue finement rythmé et profondément savoureux qui s’empare immédiatement de notre attention et qui, par son humour et sa tendresse constante, la conserve du début à la fin. Le genre de texte qui, bien qu’il soit habilement enveloppé d’une mise en scène évocatrice, pourrait aussi aisément être apprécié autour d’un feu de camp, sans artifices.

Photo: Stéphane Bourgeois

Michel-Maxime a failli s’appeler Michelin. Lorsqu’on est exposés aux fruits de ses réflexions sur ce sujet, on apprécie – en riant – les multiples implications de cette quasi-nomenclature, de ce personnage qui aurait pu exister, et qui existe peut-être dans un univers parallèle. Michelin l’hétérosexuel, Michelin le manuel, Michelin sûr de lui. Un double, comme l’évoquaient Saramago ou Dostoïevski; un double qui aurait su quoi faire dans plusieurs situations anxiogènes pour Michel-Maxime, mais qui n’existe pas.

En plus d’un roman d’apprentissage, donc, Michelin est aussi un récit d’anticipation, pas dans le sens «science-fictionnelle» du terme, mais dans le sens où l’auteur s’émancipe de ce double imaginaire qui l’a assailli de doutes toute sa vie.

Un personnage dont il fait son deuil, une vieille peau qu’il abandonne derrière lui, tel un serpent en pleine mue.

La pièce «Michelin» de Michel-Maxime Legault en images

Par Stéphane Bourgeois

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    Photo: Stéphane Bourgeois
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