ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Charles F. Marquis
Le texte de Sébastien Tessier, mis en scène par Patrick R. Lacharité, est surprenant par sa vérité et il frappe fort. La pièce prend la forme d’une succession de tableaux qui dépeignent tous la solitude d’une génération gavée de critères de performance, camouflée derrière le superficiel et le paraître. Les comédiens, au jeu d’acteur excellent, présentent chacun à leur tour des moments du quotidien où l’on bouillonne de l’intérieur, jusqu’au point d’éclater, d’exploser et de n’en pouvoir plus. Si tous les tableaux sont brillamment exécutés, certains moments forts nous restent même en tête.
C’est le cas du monologue rendu par Jérémie Pratte, au sujet des soirées d’ivresses où l’on se perd, dans les bars ou en after et où la quête du bonheur et de l’euphorie laisse souvent place à l’angoisse et à la peur du lendemain. Le monologue permet le déploiement d’une scène riche de significations où tous les comédiens se retrouvent sur scène à dépeindre des fins de soirées passées dans des lits d’inconnus. Ariane Lavery interprète, quant à elle, un monologue qui fait rire, puisqu’il est facile de s’y reconnaître, alors qu’elle démissionne de son emploi qu’elle définit de «pas-pire-plate-poche» en laissant finalement sortir des fuck you que l’on imagine restés enfouis à l’intérieur pendant beaucoup trop longtemps.
Autre moment fort: la danse, qui s’est frayé une place dans certains tableaux, grâce à la collaboration de la chorégraphe Audrey Rochette. Cette collaboration a donné lieu à de nombreux et fort beaux moments, dont un duo où deux comédiens interprètent de manière très sensible toute la complexité des relations amoureuses de cette génération bourrée de contradictions, mais au final profondément seule. On assiste alors à un émouvant échange où l’attachement de l’un mène souvent au détachement de l’autre.
C’est, somme toute, un savant mélange de cynisme, d’humour et de vérités qui permettent au public de réfléchir à ses propres paradoxes et à son trop-plein qui pourrait exploser à n’importe quel moment.
La pièce «Ma tête est une ruche» est présentée au Théâtre La Chapelle jusqu’au 5 décembre 2015.
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Par Charles F. Marquis
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