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Crédit photo : www.athenee-theatre.com
Nous sommes au 16e siècle. Lucrèce Borgia est la fille naturelle du cardinal espagnol Rodriguo Borgia, futur pape Alexandre VI. Elle marque son époque pour sa protection des arts et des lettres dans la ville de Ferrare, mais surtout pour sa beauté et ses nombreux homicides et sournoiseries.
Victor Hugo est l’un des premiers à s’emparer de la légende de Lucrèce et à perpétrer ainsi les plus affolants ragots à son égard. Il accentue ainsi sa réputation de dépravée et met en avant ses homicides à répétition grâce à l’utilisation de ses poisons. Victor Hugo justifie son choix quant à la position qu’il adopte en référence au personnage historique: «À ceux qui blâment d’avoir accepté sur la mort des maris de Lucrèce certaines rumeurs populaires à demi fabuleuses, il répondrait que souvent les fables du peuple font la vérité du poète.»
L’histoire de la vénéneuse Lucrèce Borgia se voit dépoussiérée en 2013 par la mise en scène contemporaine de Lucie Berelowitsch. La comédienne Marina Hands interprète parfaitement le rôle de cette grande manipulatrice. Cette pièce, généralement représentée en costumes d’époques, est présentée cette fois de façon tout à fait nouvelle. En effet, certains personnages sont en jeans et t-shirt, tandis que Lucrèce apparaît vêtue d’une robe pailletée verte. Le plus surprenant reste le choix musical lors des grandes fêtes aux abords de Rome: les invités masqués des Borgia dégustent le vin empoisonné et dansent sur des rythmes technos. Le contraste rempli d’audace, imposé par Lucie Berelowitsch, nous permet de s’aventurer dans cette fresque épique avec beaucoup d’émerveillement.
Le choix de la comédienne Marina Hands dans le rôle de Lucrèce Borgia fonctionne très bien. Avec ses doux traits de duchesse, elle manipule également le spectateur avec son autodérision et son âme maléfique. Tantôt prête à sauver son amant Gennaro avec l’antidote dont elle est seule détentrice «dans les temps comme ceux où nous vivons, le poison est de tous les repas», tantôt sournoise et vengeresse, organisatrice d’une fête au nom d’une princesse inexistante pour mieux venger son propre nom précédemment sali. Le spectateur entre pleinement dans l’action et le jeu des personnages en se laissant manipuler par les actes abominables de Lucrèce Borgia et est maintenu en haleine par son inavouable secret.
La pièce, d’une durée d’une heure et cinquante minutes sans entracte, est si bien rythmée et aboutie que la sensation d’avoir parcouru un demi-siècle d’Histoire en deux minutes laisse quelque peu le spectateur pantois.
Vous pouvez réserver vos billets jusqu’au 19 octobre aux coûts allant de 7 € (catégorie 3) à 32 € (catégorie 1) en ligne sur le site du théâtre ici: www.forumsirius.fr/orion/athenee ou par téléphone au 01 53 05 19 19.
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