«L’importance d’être Constant», d'après une mise en scène d'Yves Desgagnés, au Théâtre du Nouveau Monde – Bible urbaine

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«L’importance d’être Constant», d’après une mise en scène d’Yves Desgagnés, au Théâtre du Nouveau Monde

«L’importance d’être Constant», d’après une mise en scène d’Yves Desgagnés, au Théâtre du Nouveau Monde

Rire de la rectitude

Publié le 17 novembre 2014 par Annabelle Moreau

Crédit photo : Yves Renaud

L’époque victorienne n’est pas reconnue pour son ouverture d’esprit et ses mœurs libres. Présentée depuis le 6 novembre au TNM, la dernière des quatre comédies d’Oscar Wilde est montée pour la première fois en français à Montréal et se rie de la rectitude de cette époque.

Plus de cent ans après sa première mise en scène, le propos de la pièce n’a pas pris une ride. Dans une nouvelle traduction du dramaturge Normand Chaurette, L’Importance d’être Constant retrouve un certain panache. Alors qu’elle triomphait à Londres en 1895, l’auteur se voit aux prises avec des ennuis juridiques. Condamné la même année pour son immoralité, lire son homosexualité, il mourra en 1900 à Paris.

Oscar Wilde s’attaque dans L’Importance d’être Constant à ceux-là mêmes qui voulaient lui faire la morale en imaginant une satire savoureuse sur le mariage et les moeurs, ancrant le tout dans la société victorienne étouffante qui lui reproche tous les maux. Et on rit, pas toujours à gorge déployée, mais on rit jaune, et l’humour cynique de Wilde y est certainement pour quelque chose, même si la mise en scène laisse échapper un peu de cet humour grinçant.

Pour son retour à la mise en scène après une pause de trois ans, notamment en politique auprès de Pauline Marois et du Parti québécois, Yves Desgagnés a choisi ce classique du répertoire anglais pour s’entretenir d’intolérance et d’hypocrisie. Car c’est bien de cela qu’il est question, de ça et de double vie.

Photo.2.Constant.TNM

Supercherie orchestrée

Deux dandys, Algernon Moncrieff (Vincent Fafard) et Jack Worthing (Maxime Denommée), ont trouvé le moyen idéal de se soustraire à certaines obligations de la société londonienne. Algernon s’est inventé un ami malade et Jack, un frère débauché, prénommé Constant, dont il peut enfiler la personnalité exubérante en ville. C’est sous cette fausse identité qu’il demande la main de la cousine d’Algernon, Gwendoline Fairfax (Anne-Élisabeth Bossé), mais comme elle est obsédée par le prénom de «Constant», Jack ne comprend pas comment il pourra lui révéler sa véritable identité.

Tout se complique alors qu’Algernon veut piéger son ami après avoir découvert une inscription tendre d’une certaine Cecily (Virginie Ranger-Beauregard) dans son porte-cigarette. Il se rend alors dans la maison de campagne de Jack sous l’identité de «Constant», mais tombe sous le charme de Cecily, jeune pupille de son ami. Pour ajouter à la supercherie, Gwendoline se mêlera de la partie campagnarde. Les deux jeunes filles exigeront la vérité, qui ne sera pas celle qu’elles croient, il va sans dire.

Would you like a cup of tea?

Fable comique où le mensonge côtoie la séduction et la duperie, la nouvelle mouture en plus de sa distribution remarquable – Raymond Bouchard en Lady Bracknell ou Patrice Coquereau en Révérend Chasuble – souligne à gros trait les clichés de la société victorienne, notamment la rectitude morale, les parties de thé et les mariages arrangés. Lady Bracknell voulant le meilleur pour sa fille, cela donne lieu à un interrogatoire des plus comiques pour Constant, alias Jack.

Le décor vaut lui seul le déplacement: une immense tasse de thé permet aux acteurs d’apparaître et de disparaître et aux différentes scènes de se succéder. La caricature est là à son paroxysme et nous entraîne à l’instar du texte de Wilde dans une fable qui se veut comique, mais qui perd de son lustre dans la mise en scène. Les acteurs sont brillants, mais on aurait aimé une réinterprétation un peu plus fraîche de la pièce de Wilde.

«L’importance d’être Constant» est présentée au Théâtre du Nouveau Monde du 11 novembre au 6 décembre 2014.

  • Traduction de Normand Chaurette
  • Mise en scène d’Yves Desgagnés
  • Avec Anne-Élisabeth Bossé, Raymond Bouchard, Patrice Coquereau, Maxime Denommée, Vincent Fafard, Richard Lalancette, Virginie Ranger-Beauregard et Julie Vincent.

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