«L'hommencolère», une présentation Le Bureau - Firme théâtrale – Bible urbaine

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«L’hommencolère», une présentation Le Bureau – Firme théâtrale

«L’hommencolère», une présentation Le Bureau – Firme théâtrale

Savoir où porter le coup

Publié le 31 octobre 2015 par Marie-Hélène Proulx

Crédit photo : Madeleine Marcil

Difficile d'imaginer une finale joyeuse pour une histoire d'enfant témoin de violence conjugale, et ce, surtout lorsque la pièce est produite en collaboration avec À cœur d'homme, un organisme communautaire qui vise à contrer cette violence. Antoine Touchette, qui a mis en scène et adapté ce spectacle d'ombres et de marionnettes, n'a pas traficoté la fin pour satisfaire tout le monde. Il est demeuré fidèle au texte de Gro Dahle qui, comme il se doit dans une pièce destinée aux enfants dès 9 ans, se termine sur une leçon de morale, mais une morale qui laisse l'auditoire sur sa soif de justice.

Tout n’est pas sans espoir, pourtant, dans le récit de cette auteure norvégienne, puisqu’il laisse entrevoir qu’une vie est possible après la violence et sa dénonciation. Mais cette transition est lourde en conséquences pour le père qui doit s’admettre dominé par sa rage, pour la femme qui s’est tue et pour l’enfant qui prend conscience qu’il vient briser ce douloureux équilibre. Et, très efficacement, lors de cette présentation du jeudi 29 octobre au Conservatoire de théâtre de Montréal, le coup a porté et l’atmosphère obscure que recélait les jeux d’ombres s’est emparée de la salle.  Au moment d’aborder la seconde partie de la soirée, une discussion animée à partir des principes de la philosophie pour enfants, l’atmosphère était à trancher au couteau.

Plusieurs adultes ont mentionné qu’ils auraient préféré que l’histoire ne s’arrête pas là. Des femmes, surtout, se sont dites heurtées par cette compassion manifestée envers le père par ses proches, aux dépens de leur propre bien-être. Outre la difficulté à accepter la position de victime qu’emprunte le père envers ses démons intérieurs, celle de la mère qui agit envers son fils comme une complice de l’imposition du tabou passe difficilement dans la gorge. Quelques spectateurs masculins y ont néanmoins témoigné leur soulagement que la souffrance à la base de la violence soit enfin évoquée.

L’idée qu’une telle mise en scène éveille plus d’émotions chez ceux qui sont confrontés directement  à la violence que chez l’ensemble du jeune public fut admise sans problème. Personne, dans la salle, ne semblait non plus remettre en question que la vision d’un enfant puisse différer de celle d’un adulte ou que la philosophie pour enfant soit utilisée avec les grands. En fait, la pièce indique clairement la voie à suivre vers la dénonciation, rendant ainsi plus acceptables les prises de conscience et les souffrances qui doivent y mener. Mais après le charme des marionnettes, l’ingrédient magique qui aurait pu ramener l’harmonie dans d’auditoire est peut-être justement celui-ci: des enfants qui auraient pu bénéficier de cette incitation à l’action, donnant ainsi  à tous, par leur écoute, un sens à cet intolérable silence.

Pour les prochaines représentations, visitez le site visitez le site du Festival de Casteliers, diffuseur des arts de la marionnette.

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