«Les têtes baissées» au Théâtre Prospero

À la fois interprète et auteur de cette pièce, Mickael Lamoureux donne non seulement une prestation d’une honnêteté désarmante, mais livre un texte où les mots coupent la conscience comme des lames de rasoir. Si «nos parents nous mettent au monde pour se donner une seconde chance», l’auteur mesure le poids de l’héritage familial sur les épaules de l’individu dans une prose impressionnante pour une première oeuvre. 

Les têtes baissées parle aussi l’immensité du pouvoir de l’inertie. Comme dans un sable mouvant, la famille de Thomas est engluée dans une dynamique tortueuse où culpabilité et déni sont comme l’éléphant dans la pièce. Malgré que Thomas fasse du calvaire de sa mère sa croisade, on réalise contre toute attente que ce récit initiatique n’est pas le sien mais bien celui de Danièle.

Bref, l’intensité de la pièce Les têtes baissées est brillamment mesurée. L’énorme travail derrière un jeu de comédiens aussi exact saute aux yeux. Le texte de Mickael Lamoureux frappe avec une précision chirurgicale les cordes sensibles. Comme de l’alcool sur une peau à vif, le texte ouvre des plaies seulement pour assurer une meilleure guérison. Entre l’aversion provoquée par certaines scènes perturbantes et les échanges comiques propres à toutes les familles, la gamme d’émotion est complète. La tension accumulée par tant de souffrance laisse haletant mais, devant tant de talent, la fatigue ne peut qu’être bonne.

Les têtes baissées est présentée au Théâtre Prospero du 21 avril au 9 mai 2015. Pour plus de détails, consultez le site www.theatreprospero.com.