«Les Grosses Geishas» de Mélissa Dion Des Landes et Amélie Prévost: une richesse dépareillée qui fait du bien – Bible urbaine

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«Les Grosses Geishas» de Mélissa Dion Des Landes et Amélie Prévost: une richesse dépareillée qui fait du bien

«Les Grosses Geishas» de Mélissa Dion Des Landes et Amélie Prévost: une richesse dépareillée qui fait du bien

Publié le 24 novembre 2012 par Justine Boutin-Bettez

C’est le 22 novembre dernier que le Théâtre MainLine nous conviait à la première médiatique de la pièce Les Grosses Geishas, une genèse enfantée par Mélissa Dion Des Landes et Amélie Prévost. Ces dernières ont mis à nu le théâtre, cette forme naturaliste et figurative, ce fond handicapé de la bonne convenance. La liberté ne s’est pas présentée en allégorie, mais plutôt en cette chose difforme, voire inusitée qu’on nomme la réalité.

L’ouverture des maisons de thés dans les quartiers de plaisirs en 1712 a marqué l’apparition des geishas. Ces mystérieuses et splendides femmes pavoisées d’un maquillage blanc délicat et girond, habillées d’un domino de soie enluminée et magnifiquement bariolées de charme. Geisha signifie femme d’art, ou plutôt femme excellant dans les arts.

Évidemment, nous avons été secourus et réconfortés par les deux maitres de cérémonie, Mélissa Dion Des Landes et Amélie Prévost. Divin ou Sacré? À bien y réfléchir, les deux vocables conviennent parfaitement à l’œuvre théâtrale Les Grosses Geishas.

Nous y étions, accrochés, agrafés, harponnés et télescopés à leurs grosses lèvres pulpeuses et intelligentes. Il y avait une richesse dans le dire, une inébranlable segmentation de la parole. Les deux créatrices savaient avec persuasion où elles se rangeaient avec cette rodomontade digne de Feydeau ou de Guitry.

En effet, plus haut que les cieux, elles ont crié le désir de l’absurde, la révolution de la censure, et cette avidité immaculée que sur terre, il n’y a pas de confins, pas de limites.

Par ailleurs,  l’intrigue a fait une volteface aux envies profondes des auteures et comédiennes. Ainsi, elles ont créé deux policières attitrées et assujetties à une affaire de meurtre. Croyez-le ou non, le meurtre est facétieux et complètement boute-en-train. Elles sont à la recherche d’un vieux Japonais obsédé par les grosses et qu’elles souhaitent abolir! Afin de résoudre cette enquête, elles s’empourprent dans des personnages empruntés de geishas afin d’élucider le mystère. Ce confinement est une hantise pour l’une et pour l’autre. Un spectacle donnant paix profonde et fraîcheur inénarrable. Mettant de côté les complexes, l’indécision et la pudibonderie, Les Grosses Geishas est une pièce qui nous plonge littéralement dans un univers grotesque que peu d’artistes ont exploité jusqu’à maintenant.

Sous cette tempête de rire sincère et cette haute forêt de cœur troublé s’apaisaient en nous les plus tendres et précieux souvenirs que le rire peut nous faire vivre. Corrosif et mordant que ce duo! Sans passer aux oubliettes la mise en scène, signée Michel-Maxime Legault, aux imageries raffinées, gracieuses et harmonieuses, était très simpliste, unique et épurée. Le corps habitait l’âme. Une finesse sans fin.

La pièce Les Grosses Geishas est présentée du 22 novembre au 1er décembre 2012 au Théâtre MainLine (3997, boulevard Saint-Laurent).

Appréciation: *****

Crédit photo: Catherine Trudeau

Écrit par: Justine Boutin-Bettez

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