ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Thierry Beauvir
Le rideau s’ouvre sur l’adolescence de Maria et les difficultés qu’elle a éprouvé à cause de sa mère abusive Evangelia (Andréa Ferréol), qui l’engraisse pour que sa voix s’améliore. Elle apparaît comme une jeune fille très seule, trop ronde, qui ne plaît à personne. L’adolescence de Maria Callas n’est pas rose et les querelles avec sa mère sont multiples.
A la fin de l’une de ses premières représentations, Battista Meneghini (Raymond Acquaviva) vient la retrouver dans sa loge. Il voit en elle la meilleure cantatrice du monde. Il cherche à conquérir son cœur, mais Callas lui exige trois conditions: qu’elle devienne la plus célèbre cantatrice, en plus de devenir aussi fine que Catherine Hepburn et de lui faire un enfant.
Meneghini accepte sur-le-champ; cet homme d’affaires deviendra son mari, son mentor et son impresario. Il construira le mythe Callas en omettant de lui faire l’enfant qu’elle désire tant… Plus la carrière de Maria Callas grandit, plus celle-ci se détache de son mari qui devient pour elle un «tiroir-caisse» la suivant comme un chien avec sa valise pleine d’argent.
Le richissime Grec Aristote Onassis (Pierre Santini) entre alors dans la cour. Maria Callas, qui est devenue la cantatrice du moment, en tombe éperdument amoureuse. Elle s’apercevra bien vite que le royaume d’Ulysse est parsemé de yachts, de jets privées et qu’elle l’aime plus que lui.
Jackie Kennedy (Cécile Pallas), la veuve auréolée et sanctifiée par la tragédie, et devenue sa principale rivale, lui ôte son amour passionnel en 1968. C’est le début du déclin de la diva, elle y perdra sa voix, sa vie.
Le personnage de Maria Callas est interprété par deux excellentes comédiennes. L’une pour son temps de jeune femme (Lola Dewaere) et l’autre pour le temps du succès et du déclin (Sophie Carrier).
La mise en scène du passage de l’âge de jeune femme à celui d’adulte fut très beau; en effet, le visage de Maria jeune passe derrière le miroir qui s’éteint doucement, pour voir apparaître la grande Callas sur scène (le spectateur voyant sa silhouette de dos). Cela crée une réelle césure entre les deux vies bien distinctes de cette même femme.
Le personnage de Maria adolescente continue de s’inscrire physiquement dans la pièce, car bien que celle-ci ait grandi, l’âme pure de la jeune femme qu’elle était reste présente. Il est très pertinent de voir comment la jeune femme parle à la femme qu’elle est devenue en lui rappelant ses blessures.
Les transitions entre chacun des actes sont habitées par la voix de Maria Callas en fond sonore ainsi que la présence d’une danseuse d’opéra, vêtue d’une toge blanche rappelant la Grèce antique. Elle déplaçait les objets tout en dansant gracieusement sur les airs de la cantatrice. Une idée très plaisante à voir lorsqu’on a prit l’habitude de seulement assister à des moments de flottements sans interventions artistiques.
Un bel atout qu’apporte cette scénographie bien maitrisée (Jean-Michel Adam), qui balade le spectateur à travers l’histoire tragique de Maria Callas. En empruntant les codes de la tragédie grecque, La Véritable Histoire de Maria Callas nous conte avec justesse la vie tourmentée de la cantatrice.
«La Véritable Histoire de Maria Callas» joue au Théâtre Déjazet de Paris depuis le 22 janvier 2013.
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de la rédaction