«Les Frères Karamazov», mise en scène de Cécile Maudet et Olivier Fenoy, au Théâtre de l’Epée de Bois de Paris – Bible urbaine

ThéâtreCritiques de théâtre

«Les Frères Karamazov», mise en scène de Cécile Maudet et Olivier Fenoy, au Théâtre de l’Epée de Bois de Paris

«Les Frères Karamazov», mise en scène de Cécile Maudet et Olivier Fenoy, au Théâtre de l’Epée de Bois de Paris

Voyage dans l’ancienne Russie

Publié le 6 mars 2014 par Pauline Guyau

Crédit photo : Tekoa

La troupe du théâtre de l’Arc-en-Ciel a consacré sa nouvelle création à l’adaptation et à la mise en scène du monument littéraire que représente Les Frères Karamazov de l'auteur russe Fiodor Dostoïevski. Une adaptation juste et une mise en scène pertinente et rythmée qui offrait au spectateur trois heures de spectacle saisissantes.

Les frères Karamazov est un roman qui explore les thèmes les plus universels tels que la moralité, la place du bien et du mal, la religion et le libre arbitre. Les deux metteurs en scène Cécile Maudet et Olivier Fenoy proposent dans cette nouvelle adaptation une juste et saisissante présentation de cette tragédie dostoïevskienne.

La pièce commence par l’action d’un photographe s’apprêtant à tirer le portrait de la famille Karamazov, tout en narrant au spectateur le contexte familial de la réunion. L’importance des retrouvailles de ces quatre fils avec leur père est donc marquée par ce prologue.

Le spectateur est ainsi directement plongé dans l’univers et l’ambiance musicale de la Russie de la fin du XIXe siècle. Le narrateur intervient seulement deux fois durant la pièce, soit au début de chacune des deux parties, et permet donc au spectateur d’être finement dirigé dans l’histoire.

La scène du théâtre était très sombre et permettait une projection dans une Russie froide et rustre. De longs troncs d’arbres faits d’écorces étaient disposés dans différents espaces de la scène permettant à l’imagination de voyager et d’inventer d’autres paysages améliorés. Ceux-ci permettaient de nombreuses utilisations, soit un siège, soit un rocher, le mobilier n’en finissait jamais de se transformer et de muter au rythme des questionnements des personnages.

La mise en scène et les décors permettait de se retrouver à la fois dans des intérieurs et dans des extérieurs, tout en donnant la sensation de vivre les deux à la fois. La mise en scène, abordée par un minimalisme évident, autant par la musique discrète que par les décors, permettait au spectateur de se concentrer sur les dialogues et de mettre ainsi en valeur le rapport humain.

La pièce n’a rencontré que très peu de moments de flottements, car la rythmique des déplacements des personnages et leurs diverses interventions était bien maîtrisées. Chacun des protagonistes principaux était systématiquement sur scène, sur le devant s’il est en action, ou à l’arrière s’il était occupé autrement, mais toujours visible dans la mire du spectateur.

Les metteurs en scène ont utilisé tout l’espace de la scène et de fait ont créé une sensation vaste dans un espace restreint. Dmitri Karamazov s’est évadé en courant autour de la scène, tandis qu’une autre action se développait au centre. Les personnages apparaissent et disparaissent devant et derrière les décors créant cet effet de huis-clos et de fatalisme.

«Quelle vie! Voilà ce que j’aime chez ces personnages. Ils ne font l’économie de rien, ils n’ont pas peur de souffrir parce qu’ils aiment la vie, non parce qu’ils aiment la mort», explique Cécile Maudet, co-metteur en scène de la pièce. Bien que l’histoire aborde le thème du patricide et celui de la mort toute entière, ce qui reste à la sortie de cette pièce, c’est la volonté de justice et d’espoir en la vie malgré les souffrances les plus ultimes. 

Les frères Karamazov représente une belle présentation de l’oeuvre de Dostoïevski. D’une durée de trois heures sans entracte, celle-ci est si captivante et parfaitement rythmée que le voyage dans cette ancienne Russie vaut parfaitement la découverte.

L'avis


de la rédaction

Vos commentaires

Revenir au début