La pièce «D pour Dieu?» de Simon Boudreault transforme l’anxiété du vide en fous rires – Bible urbaine

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La pièce «D pour Dieu?» de Simon Boudreault transforme l’anxiété du vide en fous rires

La pièce «D pour Dieu?» de Simon Boudreault transforme l’anxiété du vide en fous rires

Publié le 26 avril 2012 par Olivier Boivin

D pour Dieu? de Simon Boudreault (Sauce Brune, Soupers) n’a pas semblé ennuyer le public du Théâtre d’Aujourd’hui hier soir puisque les rires moqueurs et les réflexions profondes étaient au centre de la nouvelle réflexion existentielle du jeune metteur en scène.

Alimentée d’un rythme endiablé et captivant, la pièce intimiste de Simon Boudreault a fait vivre une gamme d’émotions riches et inévitables au public.

En guise de personnages légèrement grossiers, des marionnettes magnifiques nous ont fendu le sourire jusqu’aux oreilles. Un comédien, en pleine réflexion, s’est permis de décortiquer la notion de Dieu, qu’il imagine comme étant un être complexe, indéchiffrable et… absent. Bref, les surprises de bon goût étaient au rendez-vous.

Sur scène, un meuble mobile en bois se transforme en objet polyvalent. Tantôt, il devient une croix religieuse, tantôt, un banc de funérailles, voire un balcon, où le personnage se remémore ses amitiés éphémères, ses amours platoniques et son ressourcement, qui se veut plus angoissant qu’autre chose. En somme, une désillusion n’attend pas l’autre. Il désire tant bien que mal argumenter, mais contre qui? Sa foi n’est plus palpable, du tout.

Avec lui, la marionnettiste Karine St-Arnaud se transforme en caméléon brillant, surtout lorsqu’elle manie habilement ses poupées. Le duo, alors, ne forme plus qu’un tout, réussissant à nous faire oublier la présence invisible de la marionnettiste, qui se cache derrière ses personnages tous très colorés. Quant aux autres personnages, les oncles, l’ami rouquin, la mort, la blonde désabusée, les animateurs de radio trash et hilarants forment à eux seuls de nombreuses capsules qui resteront imprégnées longtemps dans notre mémoire, où Dieu est partout et nulle part à la fois.  

Simon Boudreault a littéralement charmé son public grâce à la transparence de sa propre quête de sens, qu’il finit par laisser tomber pour se rendre compte, au final, que le pire l’attend dans le détour. Puis, tel un éclair de génie, il décide de vivre sans trop en demander, se laisser bercer par la succession des jours, bref, de vivre le plus légèrement possible.

Après avoir fait la fête avec des esprits tordus, c’est alors que débute un voyage exploratoire dans l’univers lui permettant de planer un bon bout de temps. Mais à quel prix?

«Ne suis-je qu’un grain de sable collé sur une crotte de nez ayant chuté maladroitement sur une brindille d’arbre?…», finira-t-il par se demander avec sincérité, puis, la fatigue l’emportant, comme lorsqu’on se creuse trop la tête.

La vision qu’il se fait de lui-même est parfois déprimante, mais pas jusqu’au dénouement, car la bonté qui se dégage du comédien nous ramène sans cesse vers le rire et la moquerie.

«Après tout, Dieu m’a créé, je suis donc une partie de lui, alors le souci du vide n’a plus aucune raison d’exister», clame-t-il. Mais est-ce que ce sera assez pour qu’il réussisse à se convaincre réellement?

Appréciation: ****

Crédit photo: Sylvain Légaré

Écrit par: Olivier Boivin

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