ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Marie-Noëlle Pilon
En partie pour démystifier le BDSM auprès de l’audience qu’ils ont conviée, et en partie pour dresser un habile parallèle entre le jeu sexuel et le jeu théâtral, notre duo de créateurs a fignolé pendant deux années un spectacle qui fait souvent appel aux spectateurs. «Veux-tu jouer avec moi?» C’est ce que les deux hôtes demandent à tour de rôle aux membres du public, qui peuvent accepter, refuser ou demander des précisions sur la nature de leur participation.
C’est une belle façon d’impliquer le public dans la création, et on peut par exemple être témoin d’un cirage de bottes, voir Frédéric Sasseville-Painchaud se faire verser de la cire de chandelle brûlante dans le dos, ou Pascale St-Onge servir le thé à un homme jovial. Le processus a cependant peu d’impact sur l’appréciation des thématiques et sert surtout à conserver l’attention de l’audience, avec parfois l’effet contraire – les gens qui n’ont pas été sélectionnés discutent entre eux comme s’ils n’étaient plus concernés par ce qui se passe sur scène.
Le BDSM est certes un «mode de vie» qui gravite autour d’une communauté, mais aussi une obsession qui traîne dans le fond de l’esprit de ses adeptes en permanence, et que les auteurs essaient de chasser en constatant que le naturel revient inévitablement au galop.
Il n’y a pas que du plaisir et de l’agrément derrière les portes closes des adeptes du BDSM; bien que le consentement soit au cœur de la démarche, il arrive que certains (mauvais) joueurs dépassent les limites préalablement établies, ou ne demandent tout simplement pas à leur partenaire en devenir la permission avant d’agir. Quelques anecdotes des créateurs nous le démontrent.
Avec ce survol bien sympathique et informatif, qui effleure parfois des ténèbres où peu de gens ont envie de se rendre – entre autres, lors d’une anecdote de Sasseville-Painchaud se déroulant dans un club underground de Berlin et impliquant du deep fisting – le duo d’auteurs signe un drôle d’objet, une conférence coquine aux témoignages intimes, où ils deviennent au fil des mots aussi attachants que la leçon de corde de bondage qui clôt leur show.
«Kink» au Théâtre Espace Libre en 4 photos
Par Marie-Noëlle Pilon
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