ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Guillaume Sauriol-Lacoste
Tout commence par une histoire de vol de portefeuille entre Macha et Alexis. Ces deux âmes esseulées dans un bar sont liées uniquement par deux tabourets contigus. Ils s’attirent. Une tension s’installe. Puis s’ensuivent des discussions laconiques, lapidaires, entre les deux protagonistes. Ils font connaissance, et ce, grâce à un flirt assez singulier. Au fur et à mesure que le temps passe, chacun se dévoile à l’autre. Ils se découvrent et participent à un jeu amoureux tantôt lascif, tantôt prude.
Le temps d’une nuit, on saisit donc tout le désir et toutes les contradictions de ces deux personnages qui, finalement, ne sont pas si inconnus que cela.
Dans cette pièce de Julie-Anne Ranger-Beauregard, il est donc question d’attirance, de manipulation, de sexualité, de désir, de conformisme, de relations intimes, de non-communication, mais surtout de découvertes. C’est par le biais d’un tête-à-tête confus que l’auteure propose un texte à de multiples connotations et des jeux de langage recherchés. Explorant incroyablement bien la notion d’inconnus, Ranger-Beauregard entretient tout au long de sa pièce, une curiosité quelque peu malsaine chez les spectateurs.
On est tenu en haleine du début à la fin, quoique la chute demeure prévisible.
La mise en scène de Frédéric Blanchette demeure minimaliste, autant dans sa scénographie que dans sa direction des comédiens. En fait, la scène est centrale, de sorte que les spectateurs sont assis de chaque côté du duo. Cela renforce l’impression de voyeurisme chez les spectateurs. Et, pour accentuer le désir pulsionnel qui ne démord pas du début à la fin, les deux comédiens restent presque immobiles aux deux extrémités de la scène. Ils sont séparés par une vitre transparente. C’est d’ailleurs une idée brillante.
Sur le plan de l’interprétation, Marie Bernier et Alexandre Fortin portent à bout de bras ce texte fort. Cependant, on arrive difficilement à s’attacher à ces deux inconnus. Le rendu est certes convaincant, mais aussi très froid. Dans les moments d’excitation ou de tension, les deux comédiens restaient placides, ce qui est plutôt antinomique.
Un certain dosage aurait pu être appréciable.
En somme, avec Rabbit, J’aime Hydro et Les Inconnus, le Théâtre La Licorne réussit une bien belle rentrée cet automne.
«Les Inconnus» est une pièce de Julie-Anne Ranger-Beauregard dans une mise en scène par Frédéric Blanchette.
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Par Guillaume Sauriol-Lacoste
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