«Icare» au Théâtre du Nouveau Monde (TNM) – Bible urbaine

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«Icare» au Théâtre du Nouveau Monde (TNM)

«Icare» au Théâtre du Nouveau Monde (TNM)

La quintessence du théâtre multimédia

Publié le 18 janvier 2014 par Charlotte Mercille

Crédit photo : Yves Renaud

Le mythe fondateur millénaire d'Icare est connu de tous. La tragédie d'une jeunesse impulsive et rêveuse vouée à sa perte pour avoir voulu voler trop près du soleil a une portée universelle et intemporelle. Les artistes multidisciplinaires Michel Lemieux et Victor Pilon sont ici au sommet de leur art dans un impressionnant spectacle plus grand que nature où personnages réels et virtuels se partagent la scène. À l'affiche au Théâtre du Nouveau Monde jusqu'au 8 février 2014.

Au rythme de la prose sensible d’Olivier Kemeid, la pièce ne comporte qu’une seule scène qui se déploie dans une série fluide de tableaux imaginaires. Dans cette relecture, Dédale (Robert Lalonde) est un architecte à la retraite, aigri par la perte de sa femme (Pascale Bussières) et frustré par l’errance de son fils Icare (Renaud Lacelle-Bourdon). Au milieu de la forêt, sa mémoire le tourmente par fragments, de l’échec cuisant de son élève causé par sa propre jalousie au lourd secret qu’il n’arrive pas à révéler à Icare.

Les magnifiques arias grecs de Noëlla Huet rappellent les chants antiques d’Homère et forment l’unité de la tragédie. Ils viennent également valider les propos si justes de l’élève de Dédale qui place la musique au sommet de la pyramide de la connaissance. La voix de la mezzo-soprano crée l’osmose entre la réalité et le rêve.

Renaud Lacelle-Bourdon rend un portrait impeccable d’un jeune adulte idéaliste, dont le désir de liberté se heurte au regard critique de son père. Le clash actuel des générations et la quête initiatique sont remarquablement bien reflétés par le duo d’acteurs. À la fin du spectacle, le public a plus l’impression d’avoir assisté à un moment captif, à un morceau d’une mosaïque beaucoup plus vaste qu’à une véritable histoire racontée du début à la fin. La force de l’imaginaire arrive toutefois à sublimer l’intrigue.

Seul bémol au final: le manque de cohésion dans certaines scènes et le pauvre rendu de certains dialogues. Parfois distrayant du propos principal, la part visuelle prend pourtant toute sa majesté au moment de la chute ultime d’Icare. L’ambiance cosmique et aquatique, qui est époustouflante. pardonne le peu de perplexité qui a pu s’insinuer dans l’esprit du spectateur.

Devant une telle démonstration du potentiel multimédia qu’offre le médium théâtral, c’est à se demander si la scénographie traditionnelle de la scène risque de connaître dans le futur un sort semblable à celle du cinéma.

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