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Crédit photo : Justine Latour
On l’attendait peut-être avec trop d’attentes cette dernière pièce de Nicolas Berzi portant sur le thème aussi sombre et captivant qu’est la consommation d’héroïne. Ce sont Pascal Contamine, Livia Sassoli et Marie-Laurence Lévesque qui s’échangent les quelques lignes en 90 minutes.
La pièce commence alors que les trois comédiens, couchés dans leurs cercueils respectifs suite à ce que l’on imagine être une overdose, enchaînent de courtes phrases, en insistant sur une prononciation saccadée qui dérange à la longue. Il faudra quelques minutes avant qu’ils ne ressortent de leurs cercueils le temps d’une rencontre dans un lieu un peu flou où le public se perd quelque peu.
Si Berzi utilise la technologie afin d’immerger le spectateur dans la sensorialité du sujet, à certains moments, ladite technologie devient un poids enlevant de la spontanéité et de la matière au niveau du jeu des acteurs. Il demeure que certains effets sont bien réussis, notamment ce jeu de lumières et d’éclairages qui fait vivre un réel badtrip au spectateur. Le visage des comédiens, projeté sur une structure de bois, est aussi un effet réussi, puisqu’il leur donne un effet mystérieux tout en accentuant leurs traits tirés.
Mais ce n’est pas cet usage, quoique peut-être surutilisé par moments, qui déçoit. Ce sont plutôt les personnages, qui relèvent tous du stéréotype: la drag queen, la jeune mère et la fille de gang de rue. La pièce aurait sans doute adopté de la valeur si elle était allée au-delà de l’image de ces junkies stéréotypés que l’on a vus et revus à des centaines de reprises. Il faut toutefois souligner le jeu sans failles de Livia Sassoli, qui s’approprie son personnage avec un naturel impressionnant.
La pièce n’a toutefois pas que du mauvais. Bien qu’il n’y ait pas beaucoup de dialogues, certaines répliques sont envoûtantes; on y remarque un travail poétique fort intéressant. On confronte le public à des questions pertinentes telles que la différence entre un junkie et un drogué, les limites de l’amour et de la dépendance, ou encore les circonstances entourant l’apparition de l’héroïne. On aurait pris davantage de ces moments afin d’être porté ailleurs et de voir la consommation être abordée d’un point de vue différent.
La pièce «Héroïne(s) est présentée au Théâtre La Chapelle jusqu’au 21 novembre.
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Par Justine Latour
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