«Les événements» de David Greig au Théâtre La Licorne de Montréal

Neuf choristes et une répétitrice, Claire, s’affairent à leur répétition. Rien de plus normal. Leurs chants, quelquefois faux, font sourire. Mais rapidement, ces sourires laissent place à une peur glaciale, lorsqu’un garçon armé interrompt leur répétition et tire sur eux. Survivante des événements, Claire tente de comprendre. Elle rencontre le père du garçon, un ami, un psychologue, un politicien et d’autres personnes ayant façonné le tueur. Cependant, il n’existe que très peu de réponses.

Au cours de l’heure et demie que dure cette pièce, le dramaturge écossais David Greig (Midsummer, Yellow Moon), explore divers sujets, sans jamais en mener un de front. C’est ce qui pose problème. Bien entendu, il parle des événements et de son pourquoi, mais également des dommages collatéraux, des «limites du capitalisme» et de la montée de l’extrême droite.

En fait, il aborde trop de sujets et ne fait que les effleurer. Par exemple, on rencontre un leader politique radical, mais ensuite plus jamais on ne traite de ses idéaux. Aussi, lorsque Claire rencontre le tueur, ce dernier lui explique son histoire d’amour quelque peu bancale avec une femme retrouvée sur la rue. Ainsi, le propos s’éparpille entre ces différentes bribes d’histoire. On ne sait pas quoi retenir.

La mise en scène de Denis Bernard est toutefois fort intelligente. Ce dernier réussit à insuffler une énergie entre les différentes scènes grâce au chœur qui se déplace fréquemment. Toutefois, il appert de se demander pourquoi les projections n’ont pas été plus explorées. En effet, des visages de personnes apparaissent à une reprise dans la pièce, mais ne reviennent jamais. Cet élément intéressant aurait pu appuyer le texte à divers moments.

La traduction de l’œuvre par Maryse Warda est imprécise à quelques moments. Il faut penser à l’intégration fréquente de mots ou de phrases en anglais au début de la pièce, mais qui sont absents dans la deuxième moitié. Puis à la traduction sommaire d’expressions anglaises qui sonnent faux. Malgré tout, Warda a pris le soin de conserver le caractère philosophique de certaines phrases.

Sur le plan de l’interprétation, Emmanuel Schwartz vole littéralement la vedette. La pièce l’amène à interpréter une dizaine de personnages, et il réussit à surprendre à chaque fois. Schwartz est un comédien caméléon. Son talent, son énergie, mais surtout son charisme émeuvent. C’est un diamant brut. Johanna Nutter, quant à elle, saisit bien la détresse de son personnage, mais elle demeure figée dans une émotion dramatique constante. Au contraire, son personnage, Claire, cherche à comprendre. Et c’est cette curiosité qui guide sa quête. On saisit moins cet aspect du personnage dans le jeu de Nutter.

Finalement, la pièce Les événements possède un je-ne-sais-quoi d’intéressant dans son propos, mais qui mériterait d’être plus raffiné.

La pièce «Les événements», mise en scène par Denis Bernard et interprétée par Emmanuel Schwartz et Johanna Nutter, est présentée jusqu’au 20 février 2016 au Théâtre La Licorne.