Entrevue collective pour la pièce «Un homme, deux patrons» de Normand Chouinard, présentée dans le cadre de la 31e édition du festival Juste pour rire – Bible urbaine

Théâtre

Entrevue collective pour la pièce «Un homme, deux patrons» de Normand Chouinard, présentée dans le cadre de la 31e édition du festival Juste pour rire

Entrevue collective pour la pièce «Un homme, deux patrons» de Normand Chouinard, présentée dans le cadre de la 31e édition du festival Juste pour rire

Publié le 12 juin 2013 par Jim Chartrand

Il y a deux semaines environ, Juste pour rire donnait l’occasion aux médias d’assister aux répétitions de quelques scènes de sa pièce de l’été Un homme, deux patrons mise en scène par Normand Chouinard. J’en ai profité pour discuter avec quelques-uns de ses artisans et têtes d’affiche.

Quand on tient un succès entre les mains, il est difficile de résister à la tentation de le bonifier et c’est exactement ce qui s’est passé avec Normand Chouinard, qui a découvert la pièce de Richard Bean, laquelle adaptait à la sauce moderne et londonienne le classique Serviteur de deux maîtres de Carlo Goldoni issue de la commedia dell’arte. Avec la collaboration de Frédéric Blanchette, qui en a signé la traduction et l’adaptation avec Chris Campbell, Juste pour rire est ainsi le premier à livrer cette pièce à succès dans une version francophone. Une nécessité qui s’est imposée d’elle-même comme en parle Normand Chouinard, lequel traîne avec passion ce projet depuis plus de deux ans.

«D’abord je connaissais la pièce originale italienne puisque j’y avais joué un rôle. Cependant, quand on m’a dit d’aller voir la version londonienne en me disant qu’elle avait été adaptée à notre époque, j’y suis allé et j’ai trouvé ça extraordinaire. Bon, quand on parle de notre époque, les années 60, 1963 pour être exact, c’est dans le sens large du terme, le 20e siècle, toutefois, j’ai trouvé que l’auteur avait réussi à transmettre exactement l’esprit de la pièce, mais dans un contexte beaucoup plus actuel. Et de cette transposition que j’adorais déjà, j’ai décidé de la transposer au Québec en me disant que ce serait d’autant plus intéressant, et c’est ce qu’on a fait.»

Les beaux noms se succèdent au niveau de la distribution alors que des vieux de la vieille côtoient des nouvelles recrues dont on n’a pas finit d’entendre parler. Mais une chose demeure pourtant: ils sont tous conscients du talent des uns et des autres. Normand Chouinard ne s’en cache d’ailleurs pas. Tous les acteurs ont été appelés personnellement et c’est ceux-là qu’il voulait et c’est ceux-là qu’il a eus. Il adore avoir des jeunes, tout comme avoir à découvrir de nouveaux talents.

Dominique Pétin, qui interprète le rôle de la flamme du protagoniste, a d’ailleurs bien du mal à cacher son admiration pour ses collègues: «Sincèrement, c’est toute une distribution d’acteurs. Chacun d’eux a été choisi spécifiquement pour le rôle qui leur a été attribué. Vous remarquerez que c’est des comédiens de théâtre pour la plupart, des gens qui font de la télé, bien sûr, mais je vous garantis que c’est du véritable travail de dentelle de leur part, et ça, c’est toujours un régal quand on est un spectateur de voir des acteurs au sommet de leur art. En plus, vous allez en découvrir parce qu’il y en a sûrement que vous ne connaissez pas encore et ça aussi c’est un beau cadeau de découvrir des acteurs, puisque vraiment, ils sont tous excellents.»

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La pétillante Anne-Élizabeth Bossé, qu’on a vu autant dans le film Les amours imaginaires que dans les téléromans 30 vies et Toute la vérité, interprète d’ailleurs l’un des deux patrons, résultant d’un amusant quiproquo alors qu’elle se fait passer pour un homme tout au long de la pièce. Révélation finale qui dupe les personnages mais pas les spectateurs, heureusement! La comédienne parle d’ailleurs de l’ampleur du défi de jouer un rôle à deux tranchants: «C’est niaiseux, mais jouer un homme, ce n’est pas évident. Je veux que ce soit crédible et pas entièrement loufoque. En même temps, que ce soit juste dans la posture physique ou même dans la voix, il faut trouver le bon équilibre pour que le choc soit bon au moment de la découverte, que mon côté fille autant que mon côté gars soient assez différents, mais également assez crédibles pour que tous y croient et y voient une différence. Mon dédoublement gars-fille, c’est mon travail en ce moment! »

Toutefois, celui qui récolte les plus gros lauriers, c’est certainement Marcel Leboeuf qui, d’après ses dires, y trouve son plus gros rôle en carrière, étant à la fois extrêmement physique mais exigeant également, que ce soit en termes de mémorisation que de rythme. Cependant, il ne cache pas sa gratitude de se voir attribuer un tel travail, alors qu’il demeure sur scène pour pratiquement la totalité des deux heures que dure la pièce.

Avec l’énergie qu’on lui connaît, il n’a pas peur de déclarer: «Moi, j’adore ça! J’aime ça transpirer, j’aime ça avoir chaud, j’aime ça en donner au monde.» Dominique Pétin déclare d’ailleurs que sa fascination pour l’expertise de Marcel demeure son plus grand défi: «Sincèrement, mon plus grand défi c’est de ne pas regarder Marcel et de m’extasier devant son talent et son humour parce que des fois, lorsqu’on joue, je me dis: oh merde, je serais bien assise à le regarder moi aussi!»

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Enfin, d’un spectacle que Normand Chouinard prétend tout contenir, que ce soit des coups à la figure, aux poursuites jusqu’aux acrobaties, il faut surtout voir la pièce pour ce qu’elle nous apportera. Marcel Leboeuf déclare que c’est tout simplement du bonheur, alors qu’Anne-Élizabeth Bossé indique que ça vient chercher quelque chose de ludique, d’universel et d’accessible pour tous les âges. Le metteur en scène ne se fait pas prier lorsqu’on lui demande de nous donner une seule raison pour voir la pièce: «Rire, parce que c’est drôle. Pour venir oublier la grisaille et connecter avec l’humour tel qu’il se fait depuis plus de 200 ans et ainsi découvrir que ça marche encore!»

La pièce Un homme, deux patrons est présentée à partir d’aujourd’hui au Monument-National dans le cadre de la 31e édition du Festival Juste pour rire.

Entrevues et photos par: Jim Chartrand

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