«Déterrer les os» dans une adaptation scénique de Gabrielle Lessard au Centre du Théâtre d'Aujourd'hui – Bible urbaine

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«Déterrer les os» dans une adaptation scénique de Gabrielle Lessard au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui

«Déterrer les os» dans une adaptation scénique de Gabrielle Lessard au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui

Du roman à la scène

Publié le 30 avril 2018 par Véronique Bossé

Crédit photo : Sylvie-Ann Paré

La petite salle Jean-Claude Germain du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui a bonne allure dans cette disposition scénique bi-frontale créée pour les représentations de Déterrer les os, une adaptation scénique du roman du même nom écrit par Fanie Demeule.

Je n’ai pas lu le roman. Je n’avais donc aucune attente précise, mais plutôt de la curiosité face à ce texte dont j’avais entendu parler quelques mois auparavant.

Les deux comédiens entrent en scène, un long rectangle recouvert de couvertures et d’oreillers blancs, illusion d’un lit où la pièce se déploie. Côté cour, un pan de mur avec des étagères, alors que, côté jardin, un nœud de tissus pendu forment les deux extrémités de l’espace scénique, encadré du public, assis en face à face.

Tout est blanc, comme pour faire écho à cette recherche obsessive de pureté du personnage principal interprété par Charlotte Aubin. Son jeu est juste, et c’est grâce à sa capacité à donner vie au texte avec authenticité que la bouleversante réalité d’une personne souffrant d’anorexie résonne. Son complice, Jérémie Francoeur, est touchant dans sa présence plutôt silencieuse et dans son écoute.

Au fur et à mesure que la pièce progresse, le texte prend toute la place, et ce qui gravite autour des mots et de leur interprétation devient superflu. L’écriture de Fanie Demeule est précise, parsemée de belles envolées littéraires qui tranchent avec la réalité racontée.

À côté, la scénographie n’arrive pas à justifier sa raison d’être. Même chose pour le costume de Charlotte Aubin, avec ses lacets et ses boucles. On pense qu’il ajoutera du sens en se déployant d’une quelconque façon, mais pas vraiment. Tout est bien réalisé, malgré un manque de précision dans l’ensemble des éléments scéniques.

L’aspect le plus puissant de cette proposition théâtrale reste le sujet. Découvrir les dessous de la vie d’une jeune femme en proie à la souffrance intérieure et physique qu’un combat contre la faim et contre son propre corps détruit petit à petit, c’est bouleversant. Le propos de cette histoire est essentiel, et il se doit d’être raconté pour être démystifié davantage. Le théâtre est-il la meilleure forme pour cette histoire-ci? Pas certaine…

Ces derniers temps, les adaptations scéniques de livres ne manquent pas. Dans le même genre, La Déesse des mouches à feu, roman de Geneviève Pettersen a pris d’assaut la scène du Quat’Sous avec une distribution réunissant onze adolescentes en mars dernier. En 2015, c’était le roman de Sophie Bienvenu, Et au pire on se mariera, un monologue interprété avec fougue par Kim Despatis.

Il faut une certaine audace pour vouloir adapter une œuvre littéraire au théâtre. Hélas, pour cette proposition-ci, à la fin de la représentation, j’imagine ce qu’aurait été la pièce avec seulement deux halos lumineux sur les comédiens dans un face à face immobile, afin de laisser toute la place aux mots. Ensuite, je l’imagine, elle, personnage trouble qui nous expose son mal-être, seule sur scène. Et finalement, je ferme les yeux pour entendre seulement les mots et je trouve qu’ils se valent à eux seuls.

J’ai désormais envie de lire le roman et, cette fois-ci, mes attentes sont élevées.

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Par Sylvie-Ann Paré

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