«Découronné∙e∙s», mettant en vedette Caroline Bélisle et Xenia Gould, au Théâtre Périscope – Bible urbaine

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«Découronné∙e∙s», mettant en vedette Caroline Bélisle et Xenia Gould, au Théâtre Périscope

«Découronné∙e∙s», mettant en vedette Caroline Bélisle et Xenia Gould, au Théâtre Périscope

Une exploration du pouvoir et du découronnement

Publié le 4 décembre 2024 par Guy-Philippe Côté

Crédit photo : Mathieu Léger

«Uneasy lies the head that wear a crown» (La tête qui porte la couronne est pleine de tourment). C’est ce que dit Richard II dans «Henry IV, partie 2» de Shakespeare, alors qu’il est à la veille d’envoyer son peuple à la guerre. Ce sont ces mots qui sont répétés et qui font écho dans «Découronné∙e∙s», la plus récente création de Christian Lapointe qu'il signe avec sa compagnie Carte Blanche, présentée en collaboration avec le théâtre l’Escaouette, qui nous vient tout droit du Nouveau-Brunswick! Après avoir été jouée à Moncton, c'était au tour du Théâtre Périscope de Québec d'accueillir la pièce du 19 au 30 novembre. J'ai eu la chance d’assister à l'une des dernières représentations pour vous en glisser quelques mots!

Une exploration du pouvoir et du découronnement

Découronné.e.s repose sur un exercice imaginé par Christian Lapointe au sein duquel six auteurices acadien∙ne∙s explorent les thèmes du pouvoir et du découronnement.

Ces textes prennent vie sur la scène du Théâtre Périscope grâce aux performances des autrices et actrices Caroline Bélisle et Xenia Gould, sous la direction du metteur en scène émérite.

Un esprit de solidarité

Pour la première partie du spectacle, Gabriel Robichaud s’inspire d’un voyage en Palestine et d’une rencontre avec la poétesse Yara El Ghadban afin de nourrir sa réflexion.

Son texte explore l’occupation et l’autodétermination. Il y établit un parallèle entre les luttes de la francophonie acadienne et palestinienne.

Une mise en scène sobre, appuyée par des écrans translucides aux couleurs des drapeaux acadiens et palestiniens, amplifie ce dialogue entre nations marginalisées.

Écoanxiété et esthétique cauchemardesque

Mélanie Léger s’est, pour sa part, inspirée des Exercices de style de Raymond Queneau afin de proposer diverses façons d’aborder l’une de ses voisines quant à l’usage de pesticides pour son terrain gazonné.

À l’aide de styles d’écritures variés, elle se confie sur sa peur actuelle pour notre planète. Parmi ceux-ci, l’un d’entre eux adopte la forme d’un cauchemar au sein duquel elle utilise des images étranges, ce qui rend le spectacle encore plus spécial, puisqu’on s’éloigne complètement de l’histoire dite «normale» écrite par l’autrice.

Cela dit, les lexiques multiples utilisés et visant à détourner l’attention du message principal avaient tendance à éclipser l’urgence environnementale au profit de considérations esthétiques.

Une révolte portée en rap

Herménégilde Chiasson offre, quant à lui, une lettre adressée aux grandes institutions de l’humanité au grand complet, lesquelles se font violence les unes contre les autres.

Cette dénonciation culmine au cœur d’un rap percutant, interprété avec brio par Xenia Gould et Caroline Bélisle.

Ce duo d’actrices incarne un cri de la rue adressé avec force aux puissants, exigeant par le fait même une prise en compte des revendications.

Photo: Mathieu Léger

Réflexions sur l’engagement et les sacrifices

La pièce s’est clôturée sur l’histoire de Céleste Godin. Celle-ci raconte une discussion entre deux amies: l’une a pris part à une marche étudiante, tandis que l’autre n’y est pas allée.

Celle qui n’était pas à la marche parle du film Anastasia, qu’elle adore, pour expliquer ce qu’on doit parfois laisser tomber pour défendre ce que l’on trouve important.

Le texte compare l’histoire triste d’Anastasia Romanov, la dernière princesse de Russie avant la révolution de 1917 (c’est elle qui a d’ailleurs inspiré le film Anastasia), avec les choix difficiles qu’on doit faire quand on veut défendre ce qui est juste.

Une réflexion sur la déconstruction

Découronné.e.s pose des questions sur qui a le pouvoir et sur le pourquoi. Ses créateurs essaient d’expliquer tout ça en cassant et en mélangeant toutes les idées mises de l’avant dans les lettres écrites par les auteur∙es acadien∙nes.

À la fin de la pièce, qu’est-ce qu’on comprend vraiment sur le «pouvoir»? Est-ce qu’on découvre quelque chose de nouveau? Ou juste qu’il y a toujours des bagarres et des gens qui essaient de contrôler les autres?

Ce qui est certain, c’est que la pièce tente tant bien que mal de nous démontrer que le pouvoir, c’est compliqué. Mais elle ne nous dit pas comment nous sortir de cette situation, et ça, c’est ce que j’ai trouvé légèrement frustrant, je l’avoue.

Photo: Mathieu Léger

Un appel à l’action collective

Même si ce spectacle ne m’a pas donné de réelles pistes de solutions, le metteur en scène Christian Lapointe, dans un texte publié au Devoir, nous fait part de ses réflexions. Dans Faiseurs de colères, il affirme que le Québec peut être un endroit «spécial», comme pouvait le rêver le poète Gaston Miron. Il nous invite également à rallumer une flamme pour que l’on soit forts, ensemble, pour ne pas laisser les «faiseurs de colères» nous rendre tristes.

Son message est simple: si nous sommes unis, on peut faire de grandes choses collectivement.

La pièce «Découronné.e.s» en images

Par Mathieu Léger

  • «Découronné∙e∙s», mettant en vedette Caroline Bélisle et Xenia Gould, au Théâtre Périscope
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