ThéâtreDans l'envers du décor
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1. Cynthia, on aimerait que tu nous racontes comment tu en es venue à faire de la création de costumes pour le théâtre, toi qui as étudié en scénographie?
«D’aussi loin que je me souvienne, même enfant je dessinais des personnages, des silhouettes et des costumes. J’ai étudié au cégep Marie-Victorin en arts visuels au DEC et j’allais voir toutes les pièces gratuites à la maison de la culture de mon école. J’ai assisté à un spectacle de la compagnie Momentum pour la première fois et j’ai été fascinée de voir comment le sens et la profondeur d’une œuvre théâtrale pouvaient être transformés et sublimés grâce à sa scénographie.»
«Par la suite, j’ai fait mes auditions à l’École nationale de théâtre du Canada et j’y ai étudié trois ans. Son programme comporte le volet scénographie et aussi le volet costumes. J’ai tout de suite eu la piqûre pour les personnages, leur psychologie et le travail de recherche autour de la création des costumes de théâtre.»
2. En tant que créatrice de costumes, est-ce que tu travailles seule avec un texte et des idées dans ta tête, ou plutôt conjointement avec l’équipe de créateurs et le metteur en scène, avec qui façonnes-tu les lignes directrices des différents looks?
«Mon métier en est certainement un d’équipe. Nous travaillons toujours ensemble; les autres concepteurs, les comédiens, le/la metteur(e) en scène et moi, surtout pour trouver un langage unique et homogène au spectacle sur lequel on travaille. Le processus peut varier selon l’équipe; quelquefois j’ai des propositions plus définies dès le départ, d’autres fois le/la metteur(e) en scène peut aussi avoir une proposition nette qui donne une direction à la suite du travail, puis d’autres fois c’est très organique, mais les départements de création restent toujours en dialogue.»
3. Comment conçois-tu tes costumes et par quoi te laisses-tu inspirer dans le cadre de ton travail?
«La recherche d’images de personnages, d’architecture, de lumières, d’ambiances, les gens que j’ai côtoyés, des gens que je croise dans la rue: tout est une source d’inspiration et c’est très variable selon le type de projet. Même les films que je vois et la musique que j’écoute influencent ma création.»
4. À quoi ressemble une journée typique pour toi en tant que créatrice de costumes? Fais-nous un petit récit des grandes lignes pour que l’on comprenne bien ton quotidien!
«J’ai toujours plusieurs projets de front; mon cerveau doit toujours être très compartimenté, alors c’est assez variable quand on parle d’une journée de travail, mais les grandes lignes de mon processus pour chaque projet de théâtre ressemblent à: la lecture de la pièce, l’analyse, le découpage des scènes par personnage, pour bien comprendre les enjeux, le nombre de personnages, les changements de costumes, la saison et l’époque. Ensuite vient le tour de la mise en place d’une équipe; la couturière pour les altérations, la coupeuse ou le coupeur s’il y a de la confection, la patine, l’assistante, etc.»
«Puis viennent la recherche et les inspirations. Il y a aussi les rencontres de conception avec les autres concepteurs et le/la metteur(e) en scène, pour échanger nos idées et établir les pistes créatives. Aussi, les réunions de production plus techniques pour évaluer les horaires, les budgets et les besoins techniques. Il faut ensuite faire les dessins et la réalisation des maquettes de costumes pour la présentation devant l’équipe. Ça demande aussi la recherche des tissus et matériaux pour les confections et le magasinage dans les boutiques et friperies si c’est une conception contemporaine. Enfin, les essayages avec les comédiens où le/la metteur(e) en scène voit la proposition des costumes.»
«On passe ensuite aux ajustements et aux altérations avant l’entrée en salle, qui est le moment où les costumes arrivent au théâtre et où on enchaîne en costumes pour la première fois, pendant une semaine, avec la lumière et dans le décor. Finalement, les ajustements finaux se font jusqu’au soir de la première!»
5. Quel a été ton plus grand défi à relever en carrière?
«Ma dernière année fut la plus remplie, et c’est mon plus grand défi jusqu’à présent, puisque j’ai maintenant à le faire concilier aussi avec la famille. J’ai beaucoup appris de cette nouvelle réalité; c’est maintenant beaucoup plus facile pour moi de relativiser et de gérer la pression.»
6. Est-ce qu’il y a une ou quelques productions sur lesquelles tu as travaillé dont tu es particulièrement fière ou qui t’ont particulièrement marquée?
«J’ai particulièrement aimé ma dernière saison 2018-2019. C’était mon retour au travail suite à mon «congé» de maternité et j’ai eu la chance de travailler avec plusieurs nouvelles équipes sur des projets qui me tiennent à cœur. Une mention particulière au spectacle Fanny et Alexandre au Théâtre Denise-Pelletier, un processus harmonieux, une équipe extraordinaire et mon coup de cœur de conception de costumes. Aussi, Guérilla de l’ordinaire au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, un spectacle que tout le monde devrait voir; je suis très fière d’y avoir participé.»
«Finalement, mon premier spectacle professionnel, opium37, restera toujours un de mes coups de cœur.»
7. Admettons que tu as le choix de nous partager une anecdote cocasse arrivée dans le cadre de ton travail OU de nous dire ce qui fait ta particularité comme créatrice de costumes et qui fait que ta signature est reconnaissable. Que choisis-tu? (50 points pour Gryffondor si tu arrives à mixer l’anecdote ET la particularité!)
«J’aime que mon travail soit juste, mais aussi sobre autant qu’éclatant. Tout dépend du projet. Pour moi, c’est un support et un guide aux personnages ainsi qu’au texte avant tout. Ensuite vient la poésie.»
«C’est tout aussi important des confections somptueuses d’époque que de dénicher la bonne jupe pour un personnage de serveuse. Une bonne conception de costumes est souvent plus réussie quand on ne la remarque pas trop.»
8.Dans quel(s) projet(s) pourrons-nous voir ton travail prochainement, si ce n’est pas un secret d’État?
«Dans la pièce L’éducation de Rita au Théâtre du Rideau Vert, dans Les Murailles, un texte d’Erika Soucy mis en scène par Maxime Carbonneau au Théâtre Périscope à Québec, en avril, et aussi au Conservatoire d’art dramatique dans Ma chambre froide, le spectacle des finissants en interprétation, dans une mise en scène d’Alice Ronfard, au mois de mai.»
«Cet été, j’ai aussi un spectacle à Carleton: Il n’y a plus d’amour, un texte de Simon Boulerice dans une mise en scène d’Édith Patenaude.»