La pièce «Les Bas-Fonds» aux Ateliers Jean-Brillant – Bible urbaine

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La pièce «Les Bas-Fonds» aux Ateliers Jean-Brillant

La pièce «Les Bas-Fonds» aux Ateliers Jean-Brillant

L’homme est un loup pour l’homme

Publié le 8 février 2013 par Annie Lafrenière

Crédit photo : René Migliaccio

Le ton est donné dès notre entrée dans la salle, sorte de hangar sombre où le froid y est saisissant. Sur les chaises, des couvertures nous attendent. Et devant nous, projetés sur un mur de briques, des visages nous parlent de leur bas-fond. Nous comprenons vite qu’il s’agit d’itinérants, ces «chiens errants» de la société qui luttent chaque jour pour leur survie, autant physiologique qu’émotionnelle. Rejet social, marginalisation, abus sexuel, toxicomanie et prostitution ne sont que quelques pans de leur histoire et des blessures qui leur ont été (ou qu’ils se sont eux-mêmes) infligées.

Puis, les acteurs arrivent en scène, se traînant comme des malheureux. Isolés dans leur propre solitude et leur furie, paralysés par leurs peurs et leur ennui, ils divaguent, se confrontent et ne s’entraident que très peu. Dans cet univers de la résignation et du chacun pour soi, «il n’y a plus que l’homme dans sa nudité», plus que des sans-papiers trouvant pour unique consolation le fantasme d’un ailleurs. «C’est la mort qui approche ma colombe, ce n’est rien». Nous assistons d’abord à la délivrance d’Anna, jeune épouse violentée en phase terminale d’une tuberculose; aux fantaisies mélancoliques de l’Acteur, dont le passé incertain sur les planches émeut à fendre le cœur; à la tristesse silencieuse puis hurlante de Nastia, fille de la rue recroquevillée sur le chaud paradis de ses romans d’amour; à la fièvre de Pepel pour Natacha, dont il réclame qu’elle parte avec lui pour trouver ensemble cette Terre des Justes qui doit forcément exister quelque part. Et à travers les ténèbres et l’errance, un port d’attache auquel s’ancrer, une lumière dans la nuit: Louka, gitane d’une profonde humanité et semeuse d’espoir.

Nous aussi, au terme de cette représentation d’une grande force dramatique, nous souhaitons partir, pas tant pour échapper à notre propre destin que pour trouver la Terre des Justes, celle qui saura nous protéger, en tant que société, de ce qui gèle et tue: l’indifférence.

La nouvelle mouture de la pièce Les Bas-Fonds mise en scène par René Migliaccio met en vedette: Catherine Brunet, Pascale Brochu, Émilie Fecteau, Jean-Charles Fonti, Stéphanie Ribeyreix, Louise Boisvert, David Cloutier, Grégoire Cloutier, Marc Deschênes, Bernard Fontbuté, Charles Mayer, Omar Alexis Ramos, Robert Reynaert, Monia Routhier et Jean Jacques Simon.

Les Bas-Fonds, présenté par la Compagnie de la Lettre 5 du 5 au 23 février 2013 aux Ateliers Jean-Brillant (661, rue Rose-de-Lima) / Métro Lionel-Groulx.

Billets en vente via La Vitrine – www.lavitrine.com / 514 285-4545 ou à la porte des Ateliers Jean-Brillant les soirs de représentations.

www.compagniedelalettre5.com.

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