ThéâtreCritiques de théâtre
La pièce «Disparu(e)(s)» au théâtre Prospero: corps sans histoire ou histoire sans corps?
Un corps inanimé est retrouvé par cinq jeunes dans le parking d’un centre commercial. Suite à cette intrigante découverte se déploie l’univers tordu d’une jeunesse aux abois. Pièce sombre et déstabilisante, Disparu(e)(s) est à l’affiche au théâtre Prospero jusqu’au 7 avril.
Présentée en grande première mondiale par le Collectif no 7, la pièce Disparu(e)(s), signée Frédéric Sonntag, est en réalité un témoignage éloquent et troublant d’une génération de jeunes adultes en mal de vivre. C’est à travers un exercice langagier poétique et troublant que les jeunes, suite à la découverte du cadavre, vont tenter de comprendre ce qui a bien pu arriver à la jeune femme retrouvée sans vie, laissant ainsi libre cours à leurs inconscients et à leurs pulsions les plus primitives. Réalité ou irréalité? Fantastique ou fantasmagorie? Va savoir.
D’entrée de jeu, il faut s’armer de patience et d’une énergie à toute épreuve pour apprécier la mise en scène sombre et épurée de Martin Faucher. Au milieu de la scène, à gauche, on retrouve un lampadaire distillant un éclairage dru et inconfortable; en retrait, une petite étendue de gazon sur laquelle est étendu un corps, celui de la jeune fille; puis, au fond, à l’extrême droite, un panier d’épicerie. That’s all.
Reflet du théâtre moderne, où les corps en mouvements racontent plus que les éléments du décor, la pièce Disparu(e)(s) s’adresse davantage à l’intellectuel en soif de découverte qu’au simple amoureux de théâtre. Car il y a, sous la dimension métaphysique du langage de Frédéric Sonntag, une recherche intellectuelle ardue qui ne peut susciter l’intérêt de tous. Sans être d’une complexité égale à l’écriture de Raymond Carver, le nouvelliste américain, Disparu(e)(s) contient néanmoins force détails et mystères qui rendent le ton général de la pièce tantôt lourd et soporifique.
Les comédiens, Francesca Bárcenas, Sarah Berthiaume, Vincent Fafard, Julien Lemire, Véronique Pascal et Yan Rompré ont tous offert, sans exception, une performance inoubliable. Leur diction était parfaite, les regards, modelés au couteau, et le jeu contenait une bonne part de mystère qui s’accommodait bien avec l’univers inquiétant de la pièce. Les corps, sans cesse en mouvement, étendus, tordus, accroupis, exprimaient une grande part de leurs émotions et de leur détresse physique et psychologique. En somme, si ce n’était de la lourdeur du propos, tous les éléments étaient présents pour offrir au public un agréable moment en leur compagnie.
Appréciation: ***
Crédit photo: Jérémie Battaglia
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Crédit photo: Jérémie Battaglia
Écrit par: Éric Dumais
http://youtu.be/fbHhUMye010?hd=1
Rédac' en chef mordu de lecture et d'arts vivants
Passionné de yoga, de méditation, de littérature et d'arts de la scène, Éric jongle au quotidien pour satisfaire ses envies du moment.
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