«Ce que nous avons fait» de Pascal Brullemans au Théâtre d'aujourd'hui – Bible urbaine

Théâtre

«Ce que nous avons fait» de Pascal Brullemans au Théâtre d’aujourd’hui

«Ce que nous avons fait» de Pascal Brullemans au Théâtre d’aujourd’hui

Tension familiale ou dramatique?

Publié le 28 septembre 2015 par Marie-Hélène Proulx

Crédit photo : Ulysse del Drago

Le Théâtre de la Marée Haute, qui a créé Ce que nous avons fait, décrit sa mission comme «comprendre l’influence d’un élément sur un autre, cerner l’incidence d’un être humain sur son proche, de la société sur nous». Il vise au cœur même de cette ambition en abordant un des thèmes les plus délicats qui soient: les interactions entre une jeune fille schizophrène et sa famille et le douloureux cheminement vers le lâcher-prise.

La scène deviendra donc pour un moment une arène où chaque personnage aura à se battre contre soi-même jusqu’à l’acceptation des limites jusqu’auxquelles il peut ou ne peut pas aider l’autre. Mais sous la dynamique douloureuse qui pourrait alors se révéler, une autre pourrait transparaître: celle d’un auteur devant affronter le regard d’un metteur en scène dont la sœur s’est avérée aux prises avec la schizophrénie.

Le metteur en scène Michel-Maxime Legault, qui sera aussi l’un des acteurs de cette production, est d’ailleurs le seul membre de l’équipe de la Marée Haute à s’être lancé dans l’aventure. Il a toutefois fait appel à quelques titans de la scène que sont Sylvie Drapeau, Robert Lalonde et, dans le rôle-titre, la jeune Marie-Pier Labrecque, afin de livrer ce drame avec l’émotion qu’il mérite.

Afin de demeurer fidèle au besoin d’expression des êtres, Brullemans a choisi d’approcher le sujet à la manière prudente d’un documentaliste. Quoique la manière de chaque famille de tisser ses liens pour résister aux coups durs de l’un des leurs soit unique, ce mélange de recherche et de proximité des acteurs oblige à courir le risque d’un excès d’intellectualisme, mais, lorsqu’elle est bien réussie, permet parfois d’entrainer les spectateurs directement dans la tourmente, de les faire regarder à travers l’œil de l’ouragan.

Quoiqu’il en soit, le défi est grand, lorsqu’il s’agit de donner chair à un mal-être aussi insaisissable que celui de la schizophrénie, et les modèles sont rares et écrasants: mis à part le grand Tennessee Williams, qui s’est inspiré de sa complicité avec sa sœur schizophrène, pour créer avec une si remarquable délicatesse les scènes-clés de la pièce très près de sa vie qu’est la Ménagerie de Verre, peu ont su laisser peur marque pour avoir osé s’aventurer dans cet univers fragile.

Pour aborder une problématique dont la construction est aussi intimement liée à son contexte social, le fait d’apporter une perspective locale est, en soi, un atout non négligeable. Le silence n’a, en effet, pas la même couleur selon les tabous de la société qui le porte. Mais les microsociétés qui entourent Brullemans et Legault sauront-elles dépasser les leurs afin de parvenir à transformer l’enfermement sur soi en objet de réflexion? C’est derrière la porte de la Salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui, que l’accès, ou non, à ce dévoilement devrait se révéler.

La pièce Ce que nous avons fait de Pascal Brullemans, mise en scène par Michel-Maxime Legault, sera présentée du 29 septembre au 17 octobre 2015 au Théâtre d’Aujourd’hui.

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