«Bianco su Bianco», écrit et mis en scène par Daniele Finzi Pasca, à la Place des Arts – Bible urbaine

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«Bianco su Bianco», écrit et mis en scène par Daniele Finzi Pasca, à la Place des Arts

«Bianco su Bianco», écrit et mis en scène par Daniele Finzi Pasca, à la Place des Arts

Beauté onirique, poésie et jonglerie, entre finesse et dilution

Publié le 20 novembre 2014 par Isabelle Léger

Crédit photo : Viviana Cangialosi

Tristes ou joyeux, forts ou flous, les souvenirs s’imprègnent à l’encre blanche dans la mémoire. Les façons de les faire resurgir sont multiples et il appartient toujours au dépositaire de choisir leur degré de luminosité. Le spectacle «Bianco su Bianco» suggère de manière poético-clownesque que le vide peut être comblé, que les blessures peuvent être guéries. Il suffit parfois «d’aller pêcher ses histoires dans le futur plutôt que de jeter les filets dans le passé».

Après de nombreux spectacles circassiens à grand déploiement, voici que Daniele Finzi Pasca revient à une forme de spectacle où l’onirisme s’exprime par la fusion entre l’ingéniosité scénique et la narration. Par sa configuration basse et proche de l’assistance, la petite scène de la Cinquième Salle de la Place des Arts offre un espace tout désigné pour accueillir ce jardin de lumières d’une beauté simple et évocatrice. Les jeux d’ombres et de brillance créés par ces ampoules tour à tour magnifient et transforment les visages ouverts et communicatifs des deux acteurs-acrobates-musiciens (Helena Bittencourt et Goos Meeuwsen). Visuellement, ce spectacle est d’une grande maîtrise.

Bianco su Bianco Finzi Pasca

Toute en délicatesse, portée principalement par la voix de la comédienne brésilienne, la narration chemine, avec moult détours et écarts, dans l’histoire d’un garçon et d’une fille qui, à tour de rôle, se soutiendront dans l’épreuve. Jouer avec les mots et en inventer de nouveaux, pour échapper à l’usure des mots ayant perdu leur luminosité, voilà un truc d’enfants qui pourrait être bien utile aux adultes. Abordant des thèmes graves comme la perte et le deuil, la maltraitance et la maladie, le récit offre une belle réflexion sur l’incidence de la perspective, de l’angle d’approche. Toutefois, la narration est certainement le point faible du spectacle en raison de sa lenteur et de son ton uniformément doucereux.

En contrepartie, la fluidité avec laquelle les prouesses à petite échelle se marient au jeu enchante. Les trouvailles de mise en scène étonnent tout en ouvrant une fenêtre non seulement sur une forme de magie, mais surtout sur un imaginaire aux possibilités plurielles laissant le spectateur libre dans son extrapolation. Néanmoins, la compagnie Finzi Pasca a tellement voulu cette fois s’éloigner du spectaculaire et renouer avec l’intimité qu’elle a quelque peu laissé le rythme en coulisse, comme si le besoin de revenir à une communication directe avait supplanté l’exigence de soutien dramatique.

«Bianco su Bianco», écrit et mis en scène par Daniele Finzi Pasca, est présenté à la Cinquième Salle de la Place des Arts jusqu’au 29 novembre.

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