«As is (tel quel)» au Théâtre Jean Duceppe du 9 septembre au 17 octobre 2015 – Bible urbaine

Théâtre

«As is (tel quel)» au Théâtre Jean Duceppe du 9 septembre au 17 octobre 2015

«As is (tel quel)» au Théâtre Jean Duceppe du 9 septembre au 17 octobre 2015

Matière à réflexion

Publié le 5 septembre 2015 par Marie-Hélène Proulx

Crédit photo : www.facebook.com/DUCEPPE

Suffit-il de consacrer son temps et ses énergies à un lieu créé à des fins charitables pour devenir soi-même un exemple de charité? Un magasin qui donne une seconde vie aux menus objets et vêtements usagés devient, le temps de quelques heures pour les spectateurs et de trop longues années pour les employés de l'endroit, le lieu consacré à se demander si, justement, l'habit fait bien le moine.

Ce questionnement est soutenu par le regard neuf que porte un jeune employé idéaliste, qui cherche la réponse dans un décor chaotique, créé d’objets hétéroclites et de destinées humaines en perte de destination, sous les règles et les entorses d’un patron tyrannique.

Lors de la présentation précédente de cette pièce, au Théâtre d’Aujourd’hui, Saturnin, le jeune employé intellectuel en question, était décrit comme un étudiant en histoire de la musique. Mais lors de ce retour sur les planches, au Théâtre Jean Duceppe, qui implique presque toute la même équipe d’acteurs (Denis Bernard Geneviève Alarie, Félix Beaulieu-Duchesneau, Marie Michaud et Marc St-Martin), Jean-François Pronovost qui interprète encore le rôle de Saturnin est maintenant devenu étudiant en philosophie.

Cette intrigante réorientation philosophique du héros en herbe n’empêche pas la musique de demeurer omniprésente dans ce capharnaüm. Trois musiciens lui assurent une présence, à travers des styles en allant du hip-hop au gros rock, selon les personnages en premier plan ou les objets qu’ils trimbalent, dans cet univers qui se veut en constante évolution. Pas étonnant que les objets prennent vie et que l’instabilité fasse partie du jeu, entre les mains d’un auteur, metteur en scène et marionnettiste, tant pour les petits de la Maison-Théâtre qu’en compagnie des grands du Théâtre du Nouveau Monde depuis déjà plus d’une décennie, et sacré à quelques reprises champion de la Ligue Nationale d’Improvisation (LNI).

Ainsi, Simon Boudreault a plus d’une corde à son arc. À travers la diversité des arts, qu’il prenne la plume pour titiller nos envies de rire, avec En cas de pluie, aucun remboursement, présenté cet été, ou du drame solo et existentiel avec D pour Dieu, un même questionnement semble malgré tout se glisser, s’imposer même, sous les apparences: la quête d’un sens, voire d’un salut, dans un monde où l’absurdité règne en maîtresse, parfois sous l’allure de vilaine farce, parfois d’une recherche illusoire, à travers les objets consommés à outrance, ou tyrannique, lorsque les êtres vivants y semblent tout à coup réduits au statut d’objets délaissés.

Pourtant, très peu d’éléments, dans le parcours récent de Boudreault, semblent donner matière à alimenter un esprit inquiet: il a déjà remporté des prix pour des créations de mises en scène, en 2003, d’interprétation, en 2002, et même le Prix auteur dramatique BMO Groupe financier pour As is, lorsqu’il fut présenté au Théâtre d’Aujourd’hui.

Mais il est des êtres qui savent nous rappeler que certains questionnements devraient garder droit de cité même lorsque notre propre existence semble s’éloigner de la tourmente. La réputation d’As is (tel quel) laisse présager que son auteur est de ceux-là.

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