Théâtre
Crédit photo : Éric Dumais
Sur les coups des 17h, il y avait déjà bon nombre de spectateurs, de même que plusieurs badauds foulant l’Espace Georges-Émile-Lapalme, attendant patiemment, alors que la pluie faisait rage sur la Place des festivals, l’arrivée d’Anne Casabonne, une femme certes haute comme trois pommes, mais qui n’en dégage pas moins un sentiment de supériorité et de caractère. Tout de suite, c’est le portrait de l’artiste souriante et bien dans sa peau qui nous apparaît à l’esprit lorsqu’on apprivoise sa personnalité, avec ce look décontracté et un brin bohème qui la rend d’autant plus attachante. Et c’est sans doute pour cela que l’actrice de 48 ans «arrive à nous faire aimer des personnages qui ne sont pas aimables», comme l’a si bien dit Catherine Pogonat d’entrée de jeu.
Parmi les nombreux sujets de discussion évoqués, il fut d’ailleurs intéressant d’apprendre, en début d’entrevue, la façon dont Anne Casabonne conçoit la substance de ses personnages. «La façon dont je construis mes personnages, c’est dans leur façon de marcher. J’essaie de capter ça, de m’en servir et d’inventer des histoires. Je pige ça chez les autres. Et j’essaie le plus possible qu’ils ne se ressemblent pas dans leur apparence physique. La musicalité vient du corps.» Un beau moment de complicité s’est alors créé entre l’invitée et le public de la Place des Arts, puisqu’elle s’est amusée à pointer quelques passants qui passaient par là, histoire d’en dresser le profil psychologique comme si elle était une vraie experte!
Celle qui carbure à la fois sur deux pôles, l’un plus rationnel et l’autre plus bohème, plus artistique, n’est pas du tout le genre de personne à répéter devant le miroir, au grand étonnement de Pogonat. «J’ai déjà essayé, ça ne sert à rien! Je dis à haute voix mes phrases jusqu’à tant que je les aime, jusqu’à tant que la phrase me plaise, mais je ne fais jamais ça devant le miroir. Ça reste un exercice extraordinaire de critique que de se regarder soi-même après que le produit soit fini pour corriger des choses», a-t-elle admis. D’un autre côté, elle avoue aussi ne pas aimer cette idée de se regarder jouer… surtout si elle n’est pas fière d’elle! «Si je me trouve poche, oui! Il y a quelques aventures qui n’ont pas été fructueuses, c’est déjà arrivé. Mais ce n’est pas si pire finalement; tu apprends, tu avances quand même. Je ne suis pas pure à ce point-là, je suis prête à faire des gaffes!», a avoué Anne Casabonne en riant.
L’actrice, que plusieurs connaissent grâce à la colorée Claude Milonga de La galère, cette femme irrévérencieuse, à la fois égocentrique et menteuse, ne pourrait absolument pas jouer des rôles qui ne s’accordent pas avec sa personnalité. «Comme Roméo et Juliette, il n’y a pas de viande. C’est du déjà-vu. C’est trop lisse. J’aime les caractères un peu narquois, un peu weird, un peu absurdes, qui nous sortent de la bien pensée, du quotidien, de ce que le monde pense. J’aime ça quand ça va plus loin; j’ai besoin d’un exutoire, d’un espace de défoulement. Mais je ne pense pas que j’aie le physique pour jouer une jeune première non plus. Donc, je préfère nettement des rôles qui ont plus de caractère, plus de mordant, qui sont plus sujets à provoquer de la haine.»
Anne Casabonne admet aimer autant la télévision que le théâtre, mais semble avoir un petit faible pour l’art de la scène dont elle ne se cache pas. «Tout est très en direct. J’adore cette mouvance-là, c’est le fun de se réinventer, de se donner de nouveaux défis, d’essayer sur scène.» Et, à savoir si elle a le trac de jouer Claude devant le public, l’actrice a répondu du tac au tac à Catherine Pogonat: «Non, je n’ai pas tellement le trac. Je fais la différence entre le trac, qui est le fun, et le stress… C’est plus une fébrilité; ce n’est pas un stress, une peur, une crainte, car on a envie de faire plaisir aux autres en s’amusant!»
Pour en savoir plus sur les Entretiens chez Georges-Émile et pour connaître, très prochainement, les invités de la saison 2017-2018, consultez le http://placedesarts.com/chez-georges-emile/accueil.fr.html.
Notre fil Twitter en action lors de l’entretien:
Le saviez-vous? Anne Casabonne a commencé des études en médecine avant d’essayer de percer comme actrice. #ChezGeorgesEmile
— Bible urbaine (@Bibleurbaine) 6 avril 2017
Anne Casabonne avoue piger dans son observation attentive des gens pour bâtir la musicalité de ses personnages. #ChezGeorgesEmile
— Bible urbaine (@Bibleurbaine) 6 avril 2017
«Je préfère nettement des rôles narquois qui viennent chercher les gens dans leur tréfonds, qui ont du mordant.» #ChezGeorgesEmile
— Bible urbaine (@Bibleurbaine) 6 avril 2017
Êtes-vous toujours aussi fofolle dans la vraie vie que dans vos rôles? «Non je suis très plate, tranquille et très pure!» #ChezGeorgesEmile
— Bible urbaine (@Bibleurbaine) 6 avril 2017
Avec La galère et le personnage de Claude, pour moi ça a été «Enfin ça peut exister autre chose que des femmes parfaites!» #ChezGeorgesEmile
— Bible urbaine (@Bibleurbaine) 6 avril 2017