ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : François Laplante Delagrave
Le Bye Bye du monde du théâtre québécois réunissait, hier soir, les talents de Suzanne Champagne, Martin Héroux, François Maranda, France Parent, Julie Ringuette, Marc St-Martin et leur metteur en scène Alain Zouvi.
La distribution a su remplir le décor très dépouillé de son énergie contagieuse. La livraison des sketchs, entrecoupés d’extraits vidéos et de chansons, est fulgurante, sans jamais nuire à la qualité d’ensemble. On ne peut qu’imaginer la cohue dans les coulisses pour assurer d’aussi nombreuses transitions de personnages et de situations dans des intervalles aussi courts qu’une poignée de minutes. Chapeau à la logistique des fées de l’équipe technique qui, on le sait, font des merveilles avec de moins en moins de ressources.
Dans l’univers de la Revue, Éric Salvail (Marc St-Martin) est tellement partout qu’il inaugure le canal de télévision Salvail, les élections deviennent une comédie musicale à la Grease où le Canada et le Québec occupent le rôle de la jeune fille à séduire, l’émission Découverte, animée par Charles Tisserye (François Maranda), se penche sur l’écosystème flamboyant du beach club de Pointe-Calumet, Marina Orsini (Maranda) reçoit des réfugiés syriens à son émission du matin, et la saga Joël Legendre est convertie en fable digne du conteur Fred Pellerin. Le spectacle a aussi rendu hommage à ceux qui nous ont quittés cette année, comme Normand L’Amour et Jacques Parizeau.
Les nouveaux venus dans l’équipe, François Maranda et Julie Ringuette, ont certainement brillé, de la même manière que les vétérans tels que Suzanne Champagne ont récidivé encore cette année grâce à un jeu éclatant. Jouant à la fois Caitlyn Jenner, Marcel Aubut et la fameuse matricule 728 Stéfanie Trudeau, cette dernière a provoqué à maintes reprises l’hilarité générale grâce à la justesse de ses caricatures.
Comme mot de la fin, les comédiens ont laissé de côté la comédie pour souligner l’importance de la tolérance et de la solidarité entre les cultures au lendemain des attentats qui ont secoué Paris et le reste du monde. Nécessaire, la référence a été exécutée avec tact malgré la récence du drame.
Exceptionnellement cette année, le Rideau Vert a choisi de présenter leur Revue exclusivement sur scène, contrairement aux années précédentes où une partie des sketchs étaient diffusés à la télévision. Que ce soit dû à des coupures ou à un simple souci de retourner aux sources du théâtre, on espère que l’initiative poussera le public à se déplacer davantage vers les salles de spectacle durant le temps des Fêtes.
Dans l’ensemble, les textes de 2015 revue et corrigée ne réinventent pas la roue, mais les blagues sont pour la plupart efficaces sans jamais trop verser dans la controverse. Le rire est entendu, mis à part quelques mentions plus provocantes et vite oubliées. Bien que certaines personnalités publiques aient été bien écorchées, on aura peut-être voulu faire preuve de prudence après la polémique autour du blackface qui a marqué l’édition précédente. Bien que «politiquement correcte», la Revue n’en reste pas moins hautement divertissante pour offrir au public du théâtre qui se veut accessible et festif plutôt qu’abrasif.
Il faut dire que devant les manchettes difficiles des derniers temps, le baume de l’humour plus conventionnel tombe effectivement à point.
Le spectacle «2015 revue et corrigée» est présenté au Théâtre du Rideau Vert du 24 novembre 2015 au 9 janvier 2016.
L'événement en photos
Par François Laplante Delagrave
L'avis
de la rédaction